Présentée par Aurore Bergé (présidente du groupe Renaissance) sous prétexte de l’actualité outre-Atlantique, une proposition de loi visant à insérer le « droit » à l’avortement dans la Constitution a été adoptée par la commission des lois de l’Assemblée nationale, l’avant-veille du 11 novembre. Dans la guerre faite contre les enfants à naître – plus de 220 000 massacrés légalement chaque année – point d’armistice, point de gerbes ! On mesure l’effrayant chemin parcouru depuis la loi Giscard-Chirac-Veil (1975) qui présentait alors l’infanticide prénatal comme un (faux) moindre mal, exclusivement pour les « cas de détresse » et à certaines conditions. De crime abominable puis de « drame toujours » (Simone Veil), l’avortement est devenu non seulement un acte médical banal parmi d’autres (remboursé par la Sécurité sociale) mais un droit fondamental (au-dessus des autres et donc du droit à la vie !) qu’il faut sacraliser dans la Constitution (1). Un droit absolu, auquel « nul ne peut porter atteinte » et dont « nul ne peut être privé » ! Qui dit droit absolu dit donc maintenant devoir également pour tous les médecins de le pratiquer, à qui Mathilde Panot (présidente du groupe La France insoumise-Nupes) voudrait bien retirer aussi la « clause de conscience » avec un projet de loi analogue présenté également ce mois de novembre. Déni de réalité Même si ces funestes projets ont peu de chances d’aboutir à cause d’un Sénat peu disposé actuellement à les soutenir dans les mêmes termes qu’à l’Assemblée pour être adoptés par référendum (2), l’inquiétant est leur réception médiatico-politique et les commentaires majoritaires qu’ils suscitent dans un halo de désinformation confinant au déni de réalité. En témoigne par exemple cet échange sur Twitter. À Christine Boutin qui s’étonnait simplement de cet acharnement militant d’Aurore Bergé alors qu’elle vient d’accoucher et qu’elle a donc porté et senti déjà dans son ventre « l’enfant vivre par ses coups de pieds », cette dernière a répondu : « Ma mère s’est battue pour que je puisse avoir plus de droits qu’elle n’en avait à disposer de mon corps. Je me bats pour ma fille, pour toutes nos filles, pour qu’elles n’en aient demain pas moins que moi. » La pauvre ne saisit même pas qu’il ne s’agit pas seulement de son corps et que « si sa mère avait connu l’IVG », comme le scandaient jadis certains manifestants contre des auteurs de loi bien connus, elle ne serait peut-être pas là pour se battre ainsi contre la vie ! Mais l’ineptie…
50 ans de la loi Veil : L’avortement constitutionnel
La loi Veil puis la constitutionnalisation de 2024 ont inscrit l’avortement dans le droit français. Mais au prix de contradictions juridiques et de contorsions logiques qui ont accéléré la course au gouffre avec la légalisation promise de l’euthanasie puis de la GPA. Retour sur une profanation fondatrice, celle de l’inviolabilité de la vie humaine.