Les conséquences religieuses de la Révolution française et de la diffusion de ses idées donnèrent naissance à des courants dissidents opposés dans l’Église, particulièrement en France. Une étude de ces mouvements vient de paraître, décrivant d’un côté les « plus fidèles que le Pape » et de l’autre les tenants d’une religion alternative sensible aux sirènes de la modernité.
Si, depuis ses origines, l’Église a toujours connu des dissidences, cette tendance s’est accentuée après la Révolution, surtout en France où deux courants contraires n’ont cessé de travailler la catholicité, l’un refusant que « l’on change la foi de nos pères », l’autre réclamant une ouverture au monde de plus en plus large. S’ils semblent marginaux, ces mouvements, renés de génération en génération, ont joué, et jouent encore, un rôle important dans l’évolution du catholicisme. Jean-Pierre Chantin, en publiant Catholiques malgré Rome ; des croyants infidèles en France, XIXe – XXIesiècle, met en évidence ce phénomène, ses raisons et les racines des grandes fractures religieuses de notre époque.
La question s’est tôt posée à l’Église de savoir s’il était légitime ou pas de traiter avec le pouvoir issu de la Révolution persécutrice, donc de reconnaître la République, pourvu que celle-ci accorde la liberté d’exercice du culte catholique. Il s’est aussitôt trouvé, parmi les prêtres qui avaient refusé la constitution civile du clergé et leurs fidèles, des réfractaires à toute compromission avec le nouveau régime, quelles que soient les raisons pragmatiques avancées pour y consentir. Rares, cependant, même parmi les plus lucides quant aux conséquences du concordat de 1802, furent ceux qui, à la suite d’une poignée d’évêques d’Ancien Régime non démissionnaires, refusèrent l’accord entre Bonaparte et Pie VII et donnèrent naissance à la Petite Église.
On peut, certes, y voir une réaction de « gallicanisme épiscopal » – l’exigence romaine de démission de tous les évêques, légitimes ou pas, portant atteinte aux usages français –, un rejet politique – beaucoup de royalistes tenant pour trahison le ralliement au Premier consul –, une rancune personnelle – s’agissant du canton de Cerizay, aujourd’hui encore capitale des dissidents, fief, pendant la guerre de Vendée, du général de Marigny, fusillé par Stofflet…