Avec ce maître ouvrage, l’auteur démontre la vitalité de la pensée d’inspiration thomasienne aujourd’hui. Le propos semble limité puisqu’il s’agit d’un commentaire des questions 2 à 26 de la Somme théologique – base traditionnelle des traités catholiques sur Dieu Un (considéré selon la métaphysique ou théologie naturelle, par contraste avec Dieu Trinité). Mais l’ampleur de la vision, la sûreté de l’érudition et le courage dans la discussion font de ce gros livre un viatique pour s’orienter dans l’infinie richesse de Dieu comme accessible à la raison. Au passage toutes les oppositions contemporaines à la pensée de saint Thomas (et de l’Église) sont affrontées, que ce soit contre la légitimité de l’approche métaphysique de Dieu en régime chrétien ou le refus de la toute-puissance divine, en passant par ceux de la validité des voies de démonstration de l’existence de Dieu, de l’alliance de l’être et de Dieu, de l’immutabilité ou de l’impassibilité divines. Nul doute que l’auteur ne fera pas taire ces controverses, et d’autres encore évoquées dans l’ouvrage, mais il montre que la pensée traditionnelle n’ignore pas les exigences modernes, sans en accepter toutes les conclusions.
L’essentiel du livre est ailleurs : dans le balbutiement émerveillé et frémissant devant le mystère de Dieu, que plus d’une page communique à son lecteur. Que son auteur soit l’actuel Secrétaire de la Commission Théologique Internationale est signe que la pensée catholique est toujours vaillante !
Serge-Thomas Bonino, « Celui qui est » (De Deo ut uno), Parole et Silence, 922 p., 39 €.