Par les temps qui courent, il est permis d’imaginer bien des choses et ce qui, pour nos grands-parents, tenait de l’absurde ou de la fiction, pourrait bien être notre futur. Un futur pas si lointain que cela.
Une femme peut désormais choisir de devenir homme. L’homme qu’elle peut devenir pourrait aussi décider d’enfanter, par implantation d’un utérus artificiel, « égalité » que la science sera bientôt à même de réaliser.
Et puisque seul l’amour compte, critère désormais unique de reconnaissance de la valeur d’un couple, qui pourrait reprocher à un homme d’aimer un animal ?
Très vite après l’ouverture du débat sur la légalisation du « mariage » homosexuel, l’hypothèse de la polygamie comme possible conséquence de la dénaturation du mariage a trouvé de nombreux échos parmi les opposants au projet de loi Taubira.
Les plus audacieux ont évoqué aussi la zoophilie. Les choses pourraient aller plus loin encore. La pensée magique, qui veut que le réel soit modelé par le désir humain, n’est pas l’apanage des hommes qui se voudraient femmes ou des duos de même sexe qui se voudraient capables de procréer. Déjà, la notion de projet parental en est une manifestation évidente. L’enfant à naître n’aurait de statut humain qu’à partir du moment où ses parents ont formulé un projet à son égard. Un embryon de deux semaines désiré par ses parents est un enfant. Un embryon de 12 semaines dont ses parents ne veulent pas… n’est qu’un amas de cellules.

Les conseils dispensés par le Planning familial en particulier sont très révélateurs à cet égard. L’enquête publiée dans notre hors-série n°4 dévoile l’échange suivant, hélas entièrement véridique, entre l’enquêtrice se disant enceinte, et une « écoutante » du Planning familial. « Est-ce que mon bébé aura mal si j’avorte ? » demande la jeune fille. « D’abord, ne parlez pas de bébé mais de grossesse. Cette grossesse n’est un bébé que si vous le désirez », répond son interlocutrice…
Si donc de la pensée dépend la nature d’un être, qu’une femme peut, par sa volonté propre, faire d’un amas de cellules un humain, qu’est-ce qui nous empêche de faire d’un être humain un objet ?
Un homme, mal à l’aise dans son corps et troublé par une identité sexuelle qu’il n’a pas su intégrer, pourrait se penser, et donc se faire, machine à coudre par exemple…
Ou, pour demeurer dans le domaine du vivant, il pourrait se penser cheval, ou colombe ?
Qui aurait le droit de contester cette nouvelle identité dans le royaume du « je » tout-puissant ? La pensée magique pourrait permettre à ses adeptes de ne plus payer d’impôts, de n’être plus soumis au code de la route, à la loi en général. A-t-on déjà vu mouton se faire arrêter pour avoir grillé un feu rouge ?
Pour autant, ces hommes désormais animaux pourraient en voir de toutes les couleurs. Si mon voisin décidait de se faire poule ou poisson, au nom de quoi n’aurais-je pas le droit de le tuer ? Jusqu’à preuve du contraire, saigner une poule n’est pas considéré comme un crime. Mais d’ici là que le même voisin me considère comme un cachalot, n’ayant pas fait à mon égard de « projet humanisant » (qui me ferait humaine à ses yeux, de même que le projet parental crée l’enfant aux yeux des parents) et que ledit voisin veuille attenter à mes jours, la vie en société va devenir périlleuse…
L’histoire est ubuesque, elle pose néanmoins la question du fondement du vivre ensemble. Quand la réalité est modelable par chacun, sur quoi peut se fonder la loi ? Qu’est-ce qui garantit le bien commun ? La vie en société n’est possible que si les individus qui composent le groupe ont en partage un ensemble de valeurs et un système commun d’appréhension de la réalité.
Madame Taubira parlait d’un « changement de civilisation ». Doux euphémisme qui cache en réalité un changement de paradigme.