Charette revisité

Publié le 15 Juin 2024
charette

François Athanase Charette de La Contrie (1763-1796). Par Jean-Baptiste Paulin Guérin, 1816.

Revenue sur le devant de la scène au moment de la sortie du film Vaincre ou Mourir, la figure de Charette, général de la Vendée militaire, vient de faire l’objet d’une nouvelle biographie par Anne Bernet. Entretien avec l’auteur sur un personnage clé de l’épopée contre-révolutionnaire, passionnant, controversé, héroïque et qui cache encore quelques mystères.

 

| Que pensait Charette de son époque troublée ? Comment expliquer que défendre le trône et l’autel allât de soi pour lui ? 

Comme la plupart de ses contemporains, Charette n’a pas vu venir les débordements révolutionnaires, encore moins la persécution religieuse et la chute de la monarchie. Le premier phénomène qui le choque et l’amène à réfléchir puis à démissionner de la Marine, c’est la perte de la discipline et de l’obéissance, le désordre ambiant, qui se mue peu à peu en écroulement général. Quand à ces aspects sociétaux se surajoutent les attaques contre le catholicisme et la monarchie, son devoir lui semble aller de soi, en tant que gentilhomme de vieille souche, noble et officier. L’étonnant est que toute la noblesse et toute l’armée n’en aient pas fait autant, préférant assez souvent se rallier pour diverses raisons au nouvel ordre des choses. C’est là que Charette se révèle homme de l’ancien temps, attaché à des valeurs chevaleresques et chrétiennes en train de se perdre. Ce sera sa grandeur, et l’une de ses faiblesses car il ne comprendra pas que l’adversaire n’a plus les mêmes références morales, le même code de l’honneur que lui, et il en sera parfois la dupe.

| Charette a-t-il vu le roi et sa famille de ses propres yeux ? À quelles occasions ?

Même s’il était infiniment plus facile d’approcher le roi de France qu’aujourd’hui le président de la République, pour un modeste gentilhomme campagnard comme Charette, les occasions étaient rares, car les frais d’un voyage à Versailles en arrêtaient plus d’un. C’est par hasard que, revenant d’émigration à l’été 1792, il se trouve à Paris lors de l’émeute du 10 août et, à l’instar de tous les royalistes présents dans la capitale se précipite aux Tuileries afin de défendre Louis XVI contre les faubourgs parisiens. Là, il ne fera qu’apercevoir le couple royal et ses enfants, lorsque le roi ira se mettre « sous la protection de l’Assemblée », abandonnant ses défenseurs qu’il envoie à la mort en leur…

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Marguerite Aubry

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