Quel personnage ! Quelle foi ! Dès lors que l’écrivain René Bazin a fait connaître la vie héroïque de Charles de Foucauld, le grand public s’enthousiasma pour ce prêtre qui par amour du Sacré-Cœur avait tout quitté pour vivre de la vie même du Christ. Nous étions alors entre deux guerres mondiales. L’Europe n’en avait pas encore conscience, mais elle était entrée par les tranchées de la Grande Guerre dans une nouvelle époque. Une terrible époque ! Celle-ci n’a d’ailleurs pas épargné Charles de Foucauld, tué d’une balle alors qu’il était le témoignage vivant de la vraie paix.
Le 1er décembre 1916 – il y a cent ans – Charles de Foucauld entrait dans la vraie vie, celle à laquelle il avait aspiré de toutes ses forces, à peine sorti du confessionnal de l’abbé Huvelin. Foucauld ne faisait jamais rien à moitié. Ni dans le mal ; ni dans le bien. Il était le contraire de ces tièdes que Dieu vomit, comme nous le rappelle la Sainte Écriture dans une page sur laquelle nous préférons vite passer. Pas lui ! Les pages de la Bible, il les a méditées chaque jour. Il a couché sur le papier les fruits de ses méditations, dans une « méthode » d’oraison bien personnelle, mais qui nous permet, à nous qui bafouillons si souvent dans la tiédeur de nos prières, de trouver un appui salutaire.
Il y a cent ans Charles de Foucauld disparaissait donc de la surface de la terre, dans l’un des endroits les plus reculés de ce qui était alors l’Empire français. Mais, jeune de la jeunesse de Dieu, il vit toujours, à travers son exemple, ses écrits, ses disciples. Il nous apprend étonnamment à tout placer sous le regard de Dieu : l’amour de la pauvreté comme celui de la France ; l’amour de la messe comme celle de la charité active. Le miracle de Foucauld est de ne rien disjoindre, mais de tout ordonner dans un unique élan d’amour vers le Christ.
En cette période où l’islam occupe une place conquérante en Europe même, Foucauld témoigne aussi que la seule et véritable solution se trouve dans le règne du Sacré-Cœur de Jésus. Il y a certes des solutions politiques et sociales. Mais la clef, même de celles-ci, reste la conversion à Jésus-Christ, l’unique Sauveur, ce Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie pour nous racheter de nos péchés.
Conversion ! Le mot est dit. Il n’y en a pas d’autre à vrai dire. La Providence a mené Charles de Foucauld au Sahara. Mettre nos pas dans ceux du Frère Charles ne consiste certainement pas à camper au sein du Grand désert, même si notre vie moderne nécessite de plus en plus des plages de silence et de contemplation. Non, notre pèlerinage est bien celui de la conversion, ce chemin radical de retour à Dieu dont le bienheureux Charles de Foucauld reste l’un des plus éminents modèles pour notre temps.
Charles de Foucauld, L’Évangile au Sahara, 68 p., 8,50 €.