> Carte blanche d’Yves Chiron
L’histoire de l’Église catholique en Chine a été constituée par des vagues successives de missionnaires venus de l’ouest à différentes époques. Une tradition fait remonter l’introduction du christianisme en Chine à l’apôtre Thomas, venu d’Inde avant d’y retourner et d’y mourir. Les étonnantes sculptures rupestres de Kong Wang Shan, à quelque 700 kilomètres au sud de Pékin, et des textes liturgiques attesteraient de cette première évangélisation ; cette thèse est encore controversée. Puis, à partir de 635, il y eut une expansion du christianisme syriaque apporté par des moines et des marchands. Églises et monastères se multiplièrent dans l’empire jusqu’au décret de l’empereur Wuzong qui, en 845, commanda la suppression de toutes les « religions étrangères ». Il y eut ensuite, à partir du XIIIe siècle, l’arrivée de missionnaires franciscains puis dominicains envoyés par les papes ; l’arrivée des jésuites à la fin du XVIe siècle ; puis d’autres congrégations (lazaristes, prêtres des Missions étrangères de Paris, cisterciens et d’autres, et de nombreuses congrégations féminines) aux XIXe et XXe siècles. Une stèle du VIIe siècle, découverte à Xi’an au XVIIe siècle, raconte « la diffusion de la Doctrine de lumière » à partir de l’arrivée de l’évêque perse Aluoben (ou Alopen) en 635. Des manuscrits de textes chrétiens chinois, datés d’avant le XIe siècle, ont été découverts au début du XXe siècle : Le Classique de l’origine, Le Classique de la béatitude, L’Hymne aux Trois Majestés, Le Classique des Vénérables, Le Discours du Dieu-Un et Le Classique du Messie. $ Le père Alexis Balmont, des Missions étrangères de Paris, leur a consacré une thèse de doctorat soutenue à l’École pratique des Hautes Études (Paris) et à l’Institut pontifical oriental (Rome). Dans cette thèse, publiée aujourd’hui, il a proposé une nouvelle édition et traduction de la stèle de Xi’an et, pour la première fois, une édition critique et une traduction en français des six textes cités plus haut. Cette édition et traduction, qui occupe la moitié de l’ouvrage, est précédée par une étude du contexte historique de ces textes et de leur contenu théologique. L’auteur constate que ces textes « ne partagent pas le même lexique, ni les mêmes destinataires, ni, parfois, les mêmes opinions théologiques ». Il relève aussi : « S’il existe évidemment des points inconciliables entre les doctrines chrétienne, bouddhique, taoïque et confucéenne, […] beaucoup des images employées par les auteurs empruntaient à la fois à l’une et aux autres. » Ce gros…