Chaque semaine, nous perdons un proche, un ami, un modèle, un exemple. Ce samedi 4 avril, le docteur Xavier Dor a rejoint la Maison du Père [la nouvelle de sa mort avait circulé de façon prématurée dans la nuit de vendredi]. Entré à l’hôpital il y a quelques jours pour des problèmes respiratoires, nous savions que nous risquions de ne plus revoir sur cette terre.
Né en 1929, docteur en médecine, spécialiste en embryologie, président et fondateur de l’association SOS-tout-Petits, le docteur Dor était à l’extrême opposé de la caricature que ses adversaires ont osé dresser de lui, caricature parfois reprise dans les milieux pro-vie pour des questions de différences de stratégie. Homme de conviction et d’une foi solide, à déplacer les montagnes, Xavier Dor était un homme doux, au sens de l’Évangile, et profondément bon.
J’ai eu le privilège de me rendre avec lui en Pologne à la fin des années 1990. Comme il n’avait pas voulu prendre l’avion, moyen le plus rapide, nous étions partis à quelques-uns en train, pour un long voyage à travers l’Europe. Nous n’avions pas manqué de temps pour discuter et pour apprendre beaucoup par lui et de lui. Il disait les choses simplement, capable de parler de ses missions au Liban en guerre comme s’il parlait d’une promenade en forêt. Il évoquait les grandes villes d’Europe que nous traversions à travers des pages de la grande Histoire ou de son propre itinéraire.
En Pologne, à la radio ou lors de conférences, il parla avec douceur et conviction de son combat pour l’enfant à naître, pour l’avenir de la civilisation, pour le respect de la petite créature voulue par Dieu. Il remontait très haut les origines de notre déchéance, voyant dans les Lumières et la Révolution, voire dans les trois « R » (Renaissance, Réforme, Révolution) la source polluée de nos malheurs. Il inscrivait son combat dans la doctrine du règne social du Christ-Roi, règne de justice et d’amour. Xavier Dor était un chrétien fervent, serviteur de l’Église militante.
Une anecdote pour finir. C’était dans une gare de Pologne, je crois. Nous devions changer de train. Il n’y avait presque personne dans cette gare et nous discutions tranquillement entre nous. Tout d’un coup, nous nous rendîmes compte de l’absence du docteur. Vu ses difficultés pour voir, l’inquiétude nous gagna aussitôt. Quand nous retrouvâmes Xavier Dor, il était en train de donner une médaille miraculeuse à un clochard polonais.
Nous ne le verrons plus sur les routes de Chartres ni priant pour sauver des enfants à naître. Mais nous pouvons espérer que du haut du Ciel, il intercède pour les combattants de la vie. A Dieu docteur Dor.