Comment bien vivre la mort d’un grand-parent ?

Publié le 21 Oct 2022

Le deuil d’un grand-parent, s’il reste une douloureuse épreuve pour les proches, permet aussi un salutaire retour au réel dans une société qui nie la mort. Il favorise la réflexion sur la fin qui attend chacun, dans une perspective spirituelle, et peut être l’occasion de mûrir et de grandir. Le départ d’un grand-parent pour l’éternité est souvent l’événement par lequel l’enfant expérimente la séparation. Ce genre de rupture affecte la sensibilité de tous, nous sommes émus et cette sensation amène la conscience de l’enfant, de l’adolescent, du parent, à l’évidence de la mort. Notre monde hédoniste, s’il nous propose sur les différents canaux audiovisuels des scènes de mort violente, avec souvent beaucoup d’hémoglobine, ne nous parle pas, ou plutôt nous cache la mort d’un proche. L’« american way of life », véhiculé par cette hérésie de l’américanisme dont l’excellent ouvrage de dom Jean-Baptiste Chautard nous décrit les méfaits pour le développement de la vie intérieure (1), est l’idéologie sous-jacente dont nos médias nous abreuvent pour nous dire quoi penser et quoi croire : « Le mal est là. Regardez les souffrances, les crimes, les morts, et le bien est là. » Ce sont en effet les médias qui déterminent cette grille de lecture. Celle-ci entre même dans nos pratiques familiales. Nous sommes baignés dans un sentimentalisme qui nous cache ou nous travestit le réel. L’amour, la vie, la mort sont réduits à des sentiments, des émotions. Toutes nos relations se réduisent à « j’aime, j’aime pas », « c’est plaisant ou déplaisant ». Le sentiment nous submerge, le réel disparaît. Le vrai, le bien, le beau sont châtrés de toute-puissance réelle permettant d’appréhender la réalité, d’appréhender la vie autrement qu’en cinéma ; ce sentimentalisme nous laisse impuissant pour affronter la vie et permettre de construire hardiment l’avenir. La mort d’un grand-parent dans une famille laisse transparaître une autre perspective, moins hédoniste, plus entreprenante. L’homme est créé et la vie est une préparation à l’arrivée de l’âme devant son Créateur : c’est lui le Juge miséricordieux qui décide.

Une émotion et une grâce

Aussi voir un grand-parent âgé s’éteindre progressivement, voir le masque de la mort s’installer peu à peu est une épreuve douloureuse devant laquelle chacun se sent impuissant. Pour les membres de la famille, elle conduit à une réflexion, une méditation profonde sur la mort. Être le témoin visuel ou à distance par les comptes rendus faits par les proches présents est pour chacun une émotion forte,…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Marc et Maryvonne Pierre

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

L’action politique (4/5) | Les devoirs de justice générale en situation d’illégitimité du pouvoir

DOSSIER « Réflexions sur l’action politique » | La cité colonisée par les intérêts particuliers, le bien commun oublié, le mal-être et les difficultés partout : que faire ? La claire vision de la situation et la morale de l’action imposent d’agir et, dans la lignée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, deux ouvrages contemporains proposent des moyens immédiats pour chacun de faire sa part dans la restauration de l’ordre.

+

action politique
SociétéÉducation

Les écoles hors contrat en plein essor malgré les contraintes

Portées par des parents, des réseaux confessionnels ou sociaux et désormais des acteurs privés, les écoles hors contrat connaissent une croissance régulière. Professionnalisation, diversification des profils et motivations contrastées des familles dessinent les contours d’un secteur de plus en plus structuré. Entretien avec Augustin Yvan, responsable du développement à la Fondation pour l’école.

+

école hors contrat