Une commission mixte d’historiens français et algériens s’est tenue à Constantine le 22 novembre. Rédacteur en chef du bulletin de Secours de France – association fondée en 1961 qui vient en aide aux populations victimes de l’abandon de l’Algérie et lutte pour la vérité historique sur cette période – Patrice Boissy nous explique l’événement et ses conséquences probables.
Ambiance chaleureuse et esprit constructif, mais…
Après un premier contact en visioconférence, en avril dernier et une rencontre en « présentiel », peu concluante, en juin, à Paris, la Commission mixte d’historiens français et algériens, destinée à favoriser « la réconciliation des mémoires » s’est réunie le 22 novembre dernier à Constantine. Côté français, la délégation, conduite par Benjamin Stora, comprenait Florence Hudowicz, Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur. Leurs homologues algériens étaient Mohamed Lahcen Zighidi, président, Idir Hachi, Abdelaziz Filali, Djamel Yahiaoui et Mohamed El Korso, absent de cette réunion pour raisons de santé.
Un souci commun de réciprocité
De l’avis général des participants, la réunion s’est déroulée « dans une ambiance chaleureuse et un esprit constructif, avec un souci commun de réciprocité ». Certes, si le programme d’étude de la Commission porte sur la « période coloniale », dans son ensemble, l’alimentation de la chronologie et la « remise en perspective historique », selon les termes de Benjamin Stora, dans les domaines militaire, politique, économique, social et culturel, ont essentiellement porté, dans un premier temps, sur des périodes allant de 1830 à 1914, voire 1930. Un mémorandum en 11 points, paraphé par les « coordinateurs » des deux délégations, a été établi qui définit le programme de travail des autorités et administrations compétentes dans les deux pays, pour l’année à venir. Ainsi, la question des archives concernant l’Algérie : autant la France a pu conserver les archives militaires ou, d’une manière générale, celles touchant à la sécurité, mais également partiellement la justice ou la santé, autant les informations communales algériennes d’état civil (naissances, unions, décès) restent incomplètes, enfermées dans des registres, stockées et inexploitées. Leur mise au jour permettrait de raconter l’histoire de ces familles, d’origines diverses qui se sont côtoyées, et parfois unies, durant cent trente ans. Dans cet esprit, il a été convenu de mettre en œuvre un programme d’échanges et de coopération avec le recrutement d’une quinzaine de doctorants et de chercheurs français, chargés de ces inventaires d’archives algériennes, et d’autant de chercheurs algériens travaillant sur…