Pour la fête du Christ Roi (nouveau calendrier), le 20 novembre 2022, le Pape s’est rendu à Asti, la ville de ses origines familiales. Il entendait ainsi revenir aux racines mêmes de sa foi. Le Piémont fut pendant plus de vingt siècles une terre de foi et une terre de saints. Rien qu’à Turin, la capitale, plus d’une dizaine d’hommes et de femmes contemporains de don Bosco sont sur les autels. Le Pape est venu aussi prier pour que le Maître de la moisson envoie de jeunes ouvriers et dans l’action de grâces le Pape a prié pour que Dieu continue à bénir la terre de ses ancêtres.
Comme de nombreuses régions d’Europe, le Piémont est parsemé de calvaires. La Croix rappelle à tous que Jésus est devenu le Sauveur du monde en mourant. Nous savons que Pilate après le jugement a fait inscrire sur le Titulus au dessus de la Croix l’inscription : « Jésus Roi des Juifs ». Il a même, sans doute par ironie et malgré la pression des juifs, refusé d’en changer l’inscription. Un roi crucifié, quel paradoxe ! Le titre même de roi nous fait penser immédiatement à la puissance et à la force, non à l’humilité et à la pauvreté. La Croix est loin d’être un trône idéal. Et pourtant dom Delatte l’appelle à juste titre le « char de triomphe du Christ » qui est Dieu. C’est en effet par elle que Dieu renversa les puissants de leur trône. Identifié au péché, sans n’avoir pourtant jamais connu le péché, Jésus, par sa mort et sa résurrection, par ses souffrance physiques et surtout morales, a payé surabondamment la dette contractée par Adam et Ève. Ayant pris le rang de serviteur et même d’esclave, le Roi des Juifs et même de tous l’univers, orné de clous et d’épines, dépouillé de tout, peut maintenant attirer, comme il l’avait annoncé, toute l’humanité en lui ouvrant ses bras étendus. Jésus, comme le dit St Charles de Foucauld, « a tellement pris la dernière place qu’elle ne lui sera plus jamais ôtée ». Ce paradoxe d’une humiliation extrême nous permet de comprendre l’amour de Dieu pour nous qu’il fait fils dans le Fils. Dieu a tout embrassé : la mort, nos souffrances, nos fatigues, etc. Il a vraiment payé notre filiation par sa servitude. Il est entré dans les trous noirs de la haine et de la déréliction (tout en conservant toujours la vision béatifique), pour éclairer notre vie et embrasser notre réalité humaine.
Fixons souvent notre regard sur Jésus crucifié. Du haut de sa Croix il nous apprend tout : à bien vivre comme à bien mourir. Il a les bras ouverts pour nous dire en silence que rien de nous ne lui est étranger. Il veut nous sauver. Nos misères et nos péchés ne l’effraient pas. Il veut seulement notre repentir et notre collaboration pour qu’il puisse nous sortir de l’ornière dans laquelle nous a plongé le péché originel. Il nous fait comprendre combien il nous aime. Surtout il nous pardonne. Laissons nous aimer par lui. Regardons souvent le crucifix et ces bras grand ouverts qui nous attendent en paradis, comme ce fut le cas pour le Bon Larron. Alors que son compagnon et la foule partagent le refrain de haine : « Sauve-toi toi-même et nous avec », le Bon Larron sait reconnaître le Christ, sans pour autant avoir jamais ouvert et lu les Écritures. On sait la réponse du Bon Larron à saint Augustin : « Non, je n’ai jamais lu les Écritures, mais il m’a regardé et dans son regard, j’ai tout compris ». On notera que le Bon Larron, en toute simplicité, s’adresse à Jésus par son prénom, ce qui est très rare dans l’Évangile. La réponse de Jésus à sa demande est sans équivoque possible : « aujourd’hui » ! Il est devenu ainsi le symbole de l’espérance chrétienne, par le pardon du Seigneur qu’il aura imploré sans doute de Marie.