La Croix, trône du Roi souffrant

Publié le 30 Nov 2022

En mourant sur la Croix, Jésus a acquis son titre de Sauveur du monde.

Pour la fête du Christ Roi (nouveau calendrier), le 20 novembre 2022, le Pape s’est rendu à Asti, la ville de ses origines familiales. Il entendait ainsi revenir aux racines mêmes de sa foi. Le Piémont fut pendant plus de vingt siècles une terre de foi et une terre de saints. Rien qu’à Turin, la capitale, plus d’une dizaine d’hommes et de femmes contemporains de don Bosco sont sur les autels. Le Pape est venu aussi prier pour que le Maître de la moisson envoie de jeunes ouvriers et dans l’action de grâces le Pape a prié pour que Dieu continue à bénir la terre de ses ancêtres.

Comme de nombreuses régions d’Europe, le Piémont est parsemé de calvaires. La Croix rappelle à tous que Jésus est devenu le Sauveur du monde en mourant. Nous savons que Pilate après le jugement a fait inscrire sur le Titulus au dessus de la Croix l’inscription : « Jésus Roi des Juifs ». Il a même, sans doute par ironie et malgré la pression des juifs, refusé d’en changer l’inscription. Un roi crucifié, quel paradoxe ! Le titre même de roi nous fait penser immédiatement à la puissance et à la force, non à l’humilité et à la pauvreté. La Croix est loin d’être un trône idéal. Et pourtant dom Delatte l’appelle à juste titre le « char de triomphe du Christ » qui est Dieu. C’est en effet par elle que Dieu renversa les puissants de leur trône. Identifié au péché, sans n’avoir pourtant jamais connu le péché, Jésus, par sa mort et sa résurrection, par ses souffrance physiques et surtout morales, a payé surabondamment la dette contractée par Adam et Ève. Ayant pris le rang de serviteur et même d’esclave, le Roi des Juifs et même de tous l’univers, orné de clous et d’épines, dépouillé de tout, peut maintenant attirer, comme il l’avait annoncé, toute l’humanité en lui ouvrant ses bras étendus. Jésus, comme le dit St Charles de Foucauld, « a tellement pris la dernière place qu’elle ne lui sera plus jamais ôtée ». Ce paradoxe d’une humiliation extrême nous permet de comprendre l’amour de Dieu pour nous qu’il fait fils dans le Fils. Dieu a tout embrassé : la mort, nos souffrances, nos fatigues, etc. Il a vraiment payé notre filiation par sa servitude. Il est entré dans les trous noirs de la haine et de la déréliction (tout en conservant toujours la vision béatifique), pour éclairer notre vie et embrasser notre réalité humaine.

Fixons souvent notre regard sur Jésus crucifié. Du haut de sa Croix il nous apprend tout : à bien vivre comme à bien mourir. Il a les bras ouverts pour nous dire en silence que rien de nous ne lui est étranger. Il veut nous sauver. Nos misères et nos péchés ne l’effraient pas. Il veut seulement notre repentir et notre collaboration pour qu’il puisse nous sortir de l’ornière dans laquelle nous a plongé le péché originel. Il nous fait comprendre combien il nous aime. Surtout il nous pardonne. Laissons nous aimer par lui. Regardons souvent le crucifix et ces bras grand ouverts qui nous attendent en paradis, comme ce fut le cas pour le Bon Larron. Alors que son compagnon et la foule partagent le refrain de haine : « Sauve-toi toi-même et nous avec », le Bon Larron sait reconnaître le Christ, sans pour autant avoir jamais ouvert et lu les Écritures. On sait la réponse du Bon Larron à saint Augustin : « Non, je n’ai jamais lu les Écritures, mais il m’a regardé et dans son regard, j’ai tout compris ». On notera que le Bon Larron, en toute simplicité, s’adresse à Jésus par son prénom, ce qui est très rare dans l’Évangile. La réponse de Jésus à sa demande est sans équivoque possible : « aujourd’hui » ! Il est devenu ainsi le symbole de l’espérance chrétienne, par le pardon du Seigneur qu’il aura imploré sans doute de Marie.

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

Peuple, élite et bien commun

L'Essentiel de Joël Hautebert | La victoire de Donald Trump aux États-Unis et les constats dressés à de nombreuses reprises ces dernières années en Europe sur les divergences grandissantes entre le peuple et les élites ne doivent pas amener les catholiques à une vision manichéenne : la défense des valeurs morales naturelles est la boussole vers le bien commun qui évitera de confondre une oligarchie dévouée avec d’une véritable élite.

+

élite peuple
À la uneSociétéÉducation

Difficultés scolaires et troubles cognitifs 

C'est Logique ! de Bruno Couillaud | Le mot « trouble » est désormais commodément employé dans les milieux scolaires pour désigner toutes sortes de difficultés des élèves. Mais l’absence de définition claire de ce mot et son ambiguïté semblent repousser un certain nombre de conduites répréhensibles volontaires dans le domaine de la pathologie, exonérant les éducateurs qui devraient y faire face. 

+

trouble cognitif
SociétéBioéthique

Le débat sur la fin de vie repoussé

L'examen du texte sur la fin de vie, initialement prévu pour le 27 janvier, a été reporté aux semaines des 3 et 10 février, suscitant une incertitude quant à sa forme définitive. Ce projet, soutenu par une partie des députés, vise à légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, mais il rencontre une opposition féroce, notamment de la part des soignants, des défenseurs des soins palliatifs et de nombreuses voix chrétiennes.

+

Pour des états généraux de la fin de vie :tribune et pétition du Comité pour la dignité en fin de vie L'Homme Nouveau
Société

Le retour de la Dame de Pierre : un voyage à travers 1000 ans d’histoire

Le 8 décembre 2024, la cathédrale Notre-Dame de Paris, après cinq années de travaux suite à l’incendie dévastateur de 2019, réouvre de nouveau ses portes au public. À cette occasion, un événement majeur rend hommage à l’histoire et à la grandeur de Notre-Dame : le spectacle La Dame de Pierre, qui revient du 20 au 22 décembre 2024 sur les scènes du Palais des Congrès de Paris.

+

la dame de pierre