De l’Ascension à la Pentecôte

Publié le 24 Mai 2012
De l’Ascension à la Pentecôte L'Homme Nouveau

À la glorieuse Ascension du Christ, on pense sans doute plus facilement au Ressuscité, que la liturgie nous présente depuis Pâques dans son Corps de gloire. Une hymne de la fête oriente le regard plus loin : « Le Fils que la Vierge enfanta, après les crachats, les fouets, la Croix, monte s’asseoir auprès du Père » (Liturgia horarum, à laudes). En effet, ce n’est pas un homme simplement vivant qui monte au Ciel, mais un supplicié ressuscité. De plus, en montant au Ciel, c’est notre humanité que Jésus fait entrer dans le Royaume : « Notre corps fut porté bien haut jusqu’au palais du roi du Ciel » (ib.). Il est donc bien dans notre intérêt que le Seigneur quitte cette terre (cf. Jn 16, 7) parce que le Père glorifiera « tout le corps de l’Église comme(Il a) glorifié son chef, Jésus le Christ » (Missel romain 1970, 7e dimanche de Pâques, postcommunion).

En attendant cette perspective finale, l’Ascension est dans l’intérêt des fidèles du Christ parce qu’elle permet la venue du Saint-Esprit : « Si je ne m’en vais pas, dit Jésus à la dernière Cène, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jn 16, 7). Pourquoi donc ? Le bienheureux dom Marmion (+ 1923) donne cette explication : « Le Christ Jésus, dans sa nature divine, est, avec le Père, le principe dont procède l’Esprit Saint. Le don du Saint-Esprit à l’Église et aux âmes est une grâce sans prix, puisque cet Esprit est l’amour divin en personne. Mais ce don, cet envoi a été mérité pour nous, comme toute grâce, par Jésus ; il est le fruit de sa Passion ; le Christ en a soldé le prix par les souffrances endurées dans sa sainte humanité. N’était-il pas dès lors équitable que cette grâce ne fût donnée au monde que lorsque l’humanité, qui l’avait méritée, serait glorifiée ? Cette exaltation de l’humanité en Jésus ne s’est accomplie dans sa plénitude et n’a atteint son épanouissement qu’au jour de l’Ascension » (Le Christ dans ses mystères, ch. XVII, II).

Saint Augustin (+ 430) et saint Léon le Grand (+ 461) donnent encore une autre raison de cette causalité. Après avoir rapporté cette parole de Jésus : « “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi!” selon le mot de l’Écriture : Des fleuves d’eau vive couleront de son sein », saint Jean ajoute : « Il parlait de l’Esprit Saint que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7, 37-39). La foi dans le Christ était donc, au jugement de ces Pères, la condition de la venue de l’Esprit Saint sur eux, et, d’après saint Léon : « Après l’Ascension, la foi des disciples, plus instruite, ira chercher le Christ plus loin, plus haut, siégeant près du Père et égal au Père » (Sermon 2 pour l’Ascension : SC 74, p. 141).

Les deux formes de la liturgie romaine célèbrent diversement les dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte. Du XVe siècle à 1955, la fête était prolongée par une octave ; on y lisait notamment une description poétique de l’entrée du Christ au Ciel par saint Grégoire de Nysse (+ vers 394), qui glose sur le psaume 23 : « Qu’il entre, le Roi de gloire ! » (Mercredi dans l’octave, matines). En 1970, la liturgie rénovée appelle la venue de l’Esprit Saint avec, entre autres, des oraisons de l’octave de la Pentecôte supprimée alors. Les deux formes s’unissent néanmoins dans cette supplication, chantée par saint Bède le Vénérable mourant (+ 735) et que nous pouvons faire nôtre en ces jours : « Ô Roi de gloire, Seigneur des vertus, qui aujourd’hui êtes monté triomphant au-dessus des cieux, ne nous laissez pas orphelins, mais envoyez-nous l’Esprit de vérité, selon la promesse du Père, alléluia » (Ascension, ant. à Magnificat).

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSociété

Le combat pour la vie sauvera l’humanité

Parole du Pape | S’adressant aux membres du mouvement pro-vie italien venus à Rome en pèlerinage le 8 mars dernier, le pape François a une fois encore insisté sur l’importance de la protection et de l’accueil de la vie, qui peut sembler à rebours de la société actuelle, plus portée sur la rentabilité.

+

pape François pro vie
ÉgliseCarême

« Caridad » : Des projets humanitaires de Redon à l’international

Initiatives chrétiennes | Spécialiste de l’aide au développement, l’association « Caridad » s’est tournée vers l’international et œuvre désormais en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud. Elle intervient dans plusieurs domaines, éducation, accès à l’eau, micro-crédit, mais toujours dans un environnement catholique. Entretien avec Irénée de Poulpiquet responsable projet.

+

caridad humanitaire
Église

Pape : « Les cendres ravivent la mémoire de notre fragilité »

Parole du Pape | Les cendres ravivent la mémoire de notre fragilité hélas trop souvent coupable, mais elles ne doivent pas pour autant nous conduire au désespoir. Le Pape nous invite tout d’abord à faire mémoire. On sait l’importance qu’attache le Pape à cette faculté destinée à nous relier au passé et à nous le remémorer. La crise de civilisation inédite que nous vivons est certainement due à cette perte générale de la mémoire.

+

AdobeStock 189413141 cendres
Église

Dieu existe… ou pas ? Un défi apologétique pour les lycéens

Entretien | Prêtre de la Fraternité Saint-Thomas Becket, l’abbé Aymeric Mehrkens connaît bien la jeunesse qu’il accompagne depuis des années à travers aumôneries, camps et missions d’évangélisation. Fort de cette expérience, il signe Dieu existe… ou pas ?, un livre incisif et accessible pour répondre aux questions des lycéens sur la foi, la raison et l’existence de Dieu. Entretien.

+

man 1853961 1280 cendres
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Introït Justus ut palma florébit (Commun des saints)

Avec cet introït, dont le texte est emprunté au psaume 91 (92 selon l’hébreu), nous nous mettons à l’école et à l’écoute de la nature. La mélodie de cet introït de 1er mode est mystérieuse et très contemplative. Elle prend son temps, et elle nous invite par là à prendre le temps, nous aussi, de contempler la croissance silencieuse et régulière du bien dans l’humanité.

+

communion kyrie introït