Des paroles et des actes

Publié le 11 Juin 2025

Notre-Seigneur est la Voie, la Vérité et la Vie (statues de la façade de la basilique Saint-Pierre).

> L’Éditorial du Père Danziec (n° 1834)

 

Dans son encyclique Mystici Corporis Christi, le pape Pie XII rappelait que l’Église devait être regardée « comme une société parfaite en son genre ». La pensée scolastique, et notamment celle de saint Thomas d’Aquin, nous explique qu’une société parfaite correspond à une communauté qui possède tout ce qui lui est nécessaire pour atteindre son but sans dépendre d’une autre.

L’Église ne tire évidemment pas sa perfection de la sainteté de ses membres : entre la dispersion des apôtres façon puzzle à la suite de la trahison de Judas et le triple reniement de Pierre dans la cour du Temple, cela se saurait ! L’origine divine de l’Église, sa finalité surnaturelle ainsi que les moyens spirituels dont elle dispose pour accomplir sa mission – parole de Dieu, sacrements, autorité apostolique, grâce sanctifiante et actuelle – attestent en effet que cette société parfaite ne dépend, en elle-même, d’aucune autre institution pour atteindre son but.

Correspondre à la grâce

À cet égard, il n’y a pas que la noblesse qui oblige. L’Église aussi. La souveraine et indépassable dignité de sa vocation enjoint chaque baptisé à correspondre, la grâce aidant, à son enseignement constant, à se placer dans la droite ligne de sa doxa et de sa praxis.

L’entretien que vous trouverez dans ce numéro sur le Campus Veritas, destiné aux jeunes et organisé par la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, va dans ce sens. L’Église oblige par la vérité dont elle est la gardienne. Ce trésor, à saisir et à communiquer, doit d’abord être reçu et assimilé. Contre la dictature du relativisme et le poison de l’indifférentisme religieux, intégrer que Notre-Seigneur est la Voie, la Vérité et la Vie relève d’une impérieuse nécessité. Spécialement pour la jeunesse !

Cette réception de la vérité réclame cependant non seulement un sérieux doctrinal mais encore une conscience nette des défis indissociables d’une authentique vie chrétienne. Parmi eux, le spectre de la persécution. L’Église, c’est là son identité, se doit d’avancer sur le chemin de l’histoire, sans peur et sans crainte.

Pour un disciple du Christ digne de ce nom, serait-ce raisonnable de s’étonner – voire de s’écœurer – devant les contradictions rencontrées, plus ou moins féroces, qui viennent faire obstacle au rayonnement de son Évangile ? « De même que le Rédempteur du genre humain fut accablé de calomnies et de tortures par ceux-là mêmes qu’il avait entrepris de sauver, ainsi la société fondée par lui doit en cela ressembler à son divin fondateur », notait avec clairvoyance le pape Pie XII.

L’éclairage sur les tourments actuels des chrétiens en Inde, que vous pourrez découvrir dans ces pages, n’a pas d’autre visée que de souligner ce lien étroit, trop souvent oublié hélas, entre la joie et la Croix, la fidélité et l’adversité : « Comme ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront » (Jn 15, 20), mais « Prenez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).

Des actes antichrétiens dans le monde

En matière de vexation religieuse, il n’est malheureusement plus nécessaire de se rendre dans des contrées lointaines pour faire l’expérience d’actes antichrétiens. Depuis trop longtemps, nos sociétés occidentales apostates, en se moquant des vérités éternelles et du dessein surnaturel de Dieu sur les hommes, ont été conduites à ratifier et entériner des textes législatifs dramatiques.

Décrypter la question de l’aide « luciférienne » à mourir (pour reprendre l’adjectif utilisé par Thibaud Collin dans notre dernier numéro), c’est réfléchir sur les conséquences en prenant soin de remonter jusqu’aux causes. La fin de vie n’est pas un sujet anecdotique, loin s’en faut. Passage incontournable conduisant à notre destinée éternelle, la mort restera à jamais un sujet grave et délicat.

Il importe au premier chef de saisir combien le nihilisme postmoderne empoisonne la vie présente et celles qui se termine. La sentence de Saint-Exupéry, « Ce pour quoi tu es capable de mourir, c’est cela seul dont tu peux vivre », et celle de la petite Thérèse, « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie », auront-elles demain droit de cité dans les intelligences déstructurées par la culture de mort ?

L’avenir de la France, et par conséquent des catholiques qui y vivent, a partie liée avec les bouleversements migratoires de ces dizaines dernières années. Aborder dans L’Homme Nouveau le rapport du gouvernement concernant les Frères musulmans permet de s’intéresser aux réalités concrètes d’une présence musulmane de plus en plus hégémonique et radicale. Et, surtout de tenter de trouver dans les trésors de notre Foi les réponses les plus évangéliques pour proclamer, dans la charité et la vérité, le nom de Jésus.

Le catholicisme américain a sa propre histoire, vous le verrez dans le dossier de ce numéro. À nous de continuer d’écrire la nôtre. En paroles et en actes. Au service de Dieu et de son unique Église.

 

>> à lire également : DOSSIER | Catholicisme américain (1/4) : Vance, le nouveau visage du catholicisme de l’ère Trump

 

Père Danziec

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