Après le tremblement de terre qui affecta les Marches, le Pape s’est rendu auprès des victimes pour les consoler et leur donner le réconfort spirituel d’un père aimant. Par ce simple geste apparaît tout le charisme pontifical du pape de la charité.
Le Pape commence son homélie en citant le psaume 8 : « Qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui ? » C’est en union de pensée avec ce verset du psalmiste que le pape console ses fils souffrants. La souffrance restera toujours un profond mystère, qui de tous temps hante les hommes. Pourquoi Dieu permet-il la souffrance et le mal ? Pourquoi surtout semble-t-il se taire ? Les Job contemporains sont nombreux avec des souffrances de tout genre. Seule l’humilité, en repoussant loin de nous le désespoir ou à plus forte raison la révolte contre Dieu, peut nous aider à faire crédit à Dieu. Dans la nuit souvent obscure et dans un milieu hostile, ce n’est pas si facile. Pourtant, malgré son silence apparent qui est en réalité vraiment une présence, Dieu se souvient de nous toujours et partout, surtout dans les circonstances tragiques. « Où étiez-vous Seigneur ? », demandait sainte Catherine de Sienne lors d’une terrible tentation contre la chair. « J’étais à l’intérieur de toi. Je te regardais et t’aidais à combattre ».
Oui, lorsque la souffrance nous étreint, souvenons-nous de Dieu, souvenons-nous de la Croix du Christ, qui lui se souvient toujours de nous. Le souvenir est une parole clé de l’Écriture. Le pape François y revient sans cesse. Or, notre société mondialiste éradique de l’homme tout souvenir, toute mémoire, pour lui faire oublier Dieu. Demandons à Marie, avec le Pape, de nous souvenir, chaque jour, que nous, ses fils aimés, ne sommes pas oubliés de Dieu. Souvenons-nous toujours des bienfaits de Dieu et de sa miséricorde, pour ne jamais être arrêté par les contrariétés de la vie. Et Dieu sait s’il y en a ! Le Curé d’Ars disait : « Pas de croix, quelle croix ! » Nous sommes bien souvent comme saint Pierre devant la Croix qui sera toujours « un scandale pour les Juifs et une folie pour les Païens ». Le souvenir est très important dans la tentation : il nous permet d’éviter les pièges du démon qui existe bel et bien, comme l’affirme à chaque fois le Pape. Par contre, il faut se libérer complètement des mauvais souvenirs. Souvent, le diable nous tente par là. Mais quoi, « rappelle-toi, tu as fait ceci ou cela ». Il faut jeter ces mauvais souvenirs dans les bras miséricordieux du Père. Il nous attend comme autant de fils prodigues. Il veut, dans le sacrement de la pénitence, déverser sa miséricorde et nous rappeler que nous sommes ses fils.
Se souvenir des bonnes choses nous permettra d’espérer. Mais il peut y avoir une « mauvaise » espérance, celle qui ne serait que passagère et terrestre, recherche d’un faux paradis. Cette fausse espérance ne nous accordera jamais la vraie paix ni la vraie joie. À l’inverse, la véritable espérance nous fait espérer Dieu et la vie éternelle. Elle est fondée sur le souvenir que Dieu est proche de nous. C’est le troisième point développé par le Pape. Le Dieu des chrétiens n’est ni le Zeus olympien, ni Allah transcendant ne se souciant guère de ses créatures, ni le dieu sévère des jansénistes n’accordant pas à tous sa grâce. Il nous appelle chacun par son nom, contractant avec chacun une alliance d’amour. Puisse la Vierge des douleurs nous faire comprendre ce riche enseignement du Pape.