Il y a des délinquants du divorce. Ceux qui ne paient pas la pension de leurs enfants, ceux qui les délaissent ou les accaparent… Il y a des gens qui se sont battus pour ce droit à délier sur la terre ce qui avait été lié devant le Ciel, s’il vous plaît !, point donc de remise en cause possible. Mais les dégâts sont là malgré tout et c’est l’enfant qui trinque. Nous connaissions les stages de citoyenneté pour les délinquants mineurs, pour les d’jeun’s pas sages mais quand même pas au point de brûler les locaux et de violer l’animatrice du stage et les stages de récupération de points pour les délinquants de la route, nouveaux boucs émissaires solvables à merci. Voient aujourd’hui le jour des stages pour parents pas sages, les délinquants du divorce. On doit la trouvaille à Jean-Michel Cailliau, procureur de la République à Grasse, qui œuvre avec Montjoye, une association spécialisée dans l’action sociale et qui se présente elle-même comme étant d’inspiration chrétienne. Le projet, expérimenté dans les Alpes-Maritimes, pourrait bien être ensuite étendu à l’ensemble du pays.

L’heure n’est plus à la punition mais à la responsabilisation, nous dit-on. Les parents en butte avec la justice parce qu’ils ne respectent pas les ordonnances du divorce pourront suivre un stage s’ils sont sélectionnés par le Parquet. Les heureux élus devront accepter ou refuser de participer… mais devront payer 250 euros s’ils acceptent comme gage de bonne volonté (ça fait cher la bonne volonté) et seront poursuivis s’ils refusent.
Ces drôles de stagiaires se verront rappeler la loi par le procureur de la République avant de rencontrer des membres de Montjoye, des psychologues et éducateurs venus secouer les consciences. Pourtant, l’association affirme qu’il ne s’agit certainement pas d’une thérapie. Seulement d’un moyen d’aider le(s) parent(s) à sortir du cercle vicieux de l’égoïsme et du conflit qui finit par faire oublier le ou les enfants. Le projet voudrait que ce stage débouche sur un accord, lequel serait examiné par le Parquet afin qu’il puisse ou non classer l’affaire. Cela aura au moins le mérite d’épargner une surenchère au conflit à laquelle une action en justice entre personnes divorcées conduit bien naturellement et qui vient ajouter à la peine de l’enfant.
Ces stages de parentalité ont quelque chose d’aberrant, de presque ridicule. On craint le lavage de cerveau façon stage de récupération de points, avec de la tolérance et de la citoyenneté servies à toutes les sauces. On a souvent plaisanté en disant qu’il faudrait apprendre aux parents à être parents. Et nous y sommes rendus, bien malgré nous, pour que les enfants ne soient pas les grands oubliés, ne fassent pas les frais des histoires qui finissent mal de leurs parents.