Dollfuss face à Hitler : redécouverte d’une résistance oubliée

Publié le 18 Déc 2023
dollfuss nazi autriche

Dollfuss prononçant un discours lors d'un rassemblement du Front patriotique à Vienne, 11 septembre 1933.

Dans son dernier ouvrage, Cette Autriche qui a dit non à Hitler. 1930-1945, l’historien et journaliste Jean Sévillia démonte la légende noire de l’Anschluss qui décrit une Autriche totalement consentante à son annexion en 1938. Constamment enseigné, ce mensonge historique repose sur la propagande nazie et sur l’embarras des historiens contemporains face à un régime autoritaire, celui de d’Engelbert Dollfuss, opposé totalitarisme nazi.

 

Vous remettez en cause la vision admise d’un accueil majoritairement favorable des Autrichiens à l’Anschluss en 1938. Pourquoi ?

Il y a un fait majeur qui relève du scandale historiographique. À partir du 12 mars 1938, date de l’entrée de l’armée allemande en Autriche, tous les journalistes et photographes opposants au national-socialisme sont arrêtés, dont bien sûr les journalistes juifs. Les correspondants de la presse étrangère sont bouclés avant d’être expulsés. Il est donc impossible de publier un article ou une photo qui ne soient pas favorables aux nazis. Si bien que les images encore utilisées aujourd’hui concernant l’Anschluss sont des éléments de la propagande nazie. En revanche nous n’avons aucune photo des 50 000 à 70 000 arrestations qui ont eu lieu entre le 12 et le 20 mars 1938. En général, l’historiographie occulte cette répression des patriotes.   

Pourtant lors du vote du 10 avril 1938, 99,73 % des Autrichiens ont approuvé le rattachement à l’Allemagne !

C’est une farce démocratique ! Malgré ce résultat, digne de tous les pays totalitaires, personne ne s’interroge sur la vaste manipulation qui s’est déroulée alors. Comment ne pas prendre en compte l’effet de sidération ressenti par les Autrichiens après l’entrée des Allemands sur leur territoire ? Ils font face à une occupation militaire, laquelle se traduit aussitôt par l’arrestation des opposants et de nombreux actes de violence, qui n’épargnent évidemment pas les Juifs. Enfin, l’Autriche n’est pas la seule à voter. L’ensemble du Reich est convoqué aux urnes puisque depuis le 13 mars 1938 il n’y a plus d’Autriche indépendante, même au point de vue du droit international.  

Quelle a été la réaction de l’Église face à l’Anschluss ?

Au tout début des années 1930, l’épiscopat autrichien produit beaucoup de mises en garde contre le national-socialisme. Il soutient également fortement le régime de Dollfuss, qui a donné à l’Église une très grande liberté. Malheureusement, lors de l’Anschluss, le cardinal Innitzer, pourtant judéophile, commet un faux pas en publiant une…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Philippe Maxence

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneCulture

La bataille de Bouvines (1/4) : Le Dimanche de Bouvines

DOSSIER « 810e anniversaire de la bataille de Bouvines : Une victoire unificatrice » 1/4 | Combat décisif entre le roi de France et l’empereur Othon de Brunswick, la célèbre bataille de Bouvines a été racontée par plusieurs chroniqueurs du Moyen Âge. On connaît donc bien son déroulement, ses différents protagonistes, les épisodes glorieux ou malheureux qui l’émaillèrent et ses conséquences politiques déterminantes pour les destinées de la France.

+

dimanche de bouvines
A la uneCulture

Le choix de nos armes

L'Essentiel de Joël Hautebert | À rebours de l'éradication par la Révolution des traditions et coutumes locales, l'association « Recordatio » a relevé cet été le défi de réveiller la mémoire d'une des petites patries de la France, celle de la Vendée en armes. Avec l'évocation de ce passé, il s'agit de revivifier la culture française, en proposant en exemple des héros vraiment chrétiens.

+

recréation choix des armes
Culture

Hommage à Agatha Christie : Poirot, héros catholique

Culture | Début juillet dernier, répondant aux rumeurs d’interdiction totale de la messe traditionnelle catholique, une lettre « Agatha Christie bis » demandant son maintien a été publiée dans le Times, signée par une quarantaine de personnalités. Pourquoi ce titre ? En 1971, une lettre similaire, signée entre autre par Agatha Christie, fut envoyée à Paul VI. Ce serait grâce à elle qu’un indult – qui porte son nom – fut accordé à l’Angleterre. Rendons hommage à celle qui a laissé une si belle trace dans la vie religieuse catholique en évoquant son détective le plus célèbre, Hercule Poirot.

+

Agatha Christie Hercule Poirot