Les catholiques et le sport (1/3) | Un dominicain très moderne : le père Didon et les Jeux olympiques

Publié le 25 Juin 2024
jeux olympique Didon

Portrait du père Henry Didon (1840-1900), à son bureau. Photographie de Paul Cardon (dit Dornac) Paris, musée Carnavalet. © CC0

DOSSIER | « Les catholiques et le sport : des patronages aux Jeux olympiques » 1/3

Au moment où vont s’ouvrir les Jeux olympiques de 2024 à Paris, l’historien Yvon Tranvouez publie un ouvrage sur le père Henri Didon, inspirateur de la devise des Jeux et proche du baron de Coubertin. La vie du dominicain est passionnante à plus d’un titre, reflétant les tensions du catholicisme français à son époque et la pénétration de nombre de valeurs modernes dans un milieu antirépublicain.

 

| La devise olympique « Citius, Altius, Fortius », est une formule du père Didon (1840-1900). Pourquoi avez-vous choisi de lui consacrer une biographie ? 

L’actualité olympique s’y prêtait, bien sûr, mais j’étais, depuis longtemps, très intéressé par ce moment, à la fin du XIXe siècle, où la question du rapport des catholiques à la modernité se posait à la fois sur le terrain politique et scientifique : fallait-il accepter ou non la République ? comment répondre aux défis posés par le positivisme et le matérialisme ? Il m’est apparu que la vie du père Didon était un excellent miroir, reflétant parfaitement les grands problèmes de cette époque.

| D’où lui vient justement cette ouverture à la modernité ?   

Sans doute d’abord de l’influence familiale. Il est né au Touvet, près de Grenoble. Son père était républicain et démocrate, dans la lignée d’une certaine tradition dauphinoise que l’on voit très bien aux origines de la Révolution. Le jeune Henri Didon, entré chez les Dominicains à l’âge de 16 ans, en 1856, s’est immédiatement inscrit dans le sillage des catholiques libéraux, et en particulier dans celui du père Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861), qui avait rétabli l’Ordre dominicain en France en 1839. À la fin de sa formation dans l’Ordre, en 1865, le père Didon choisit de s’affilier à la province de France, qui voulait précisément poursuivre dans la ligne d’ouverture préconisée par Lacordaire, tandis que la province de Toulouse penchait pour une position plus intransigeante à l’égard de la modernité.

| Ce rapport au monde moderne, comment s’est-il traduit tout au long de sa vie ? 

La carrière du père Didon peut se résumer en trois moments bien différents. Dans un premier temps, de 1865 à 1880, c’est un prédicateur, une « vedette », pourrait-on dire, de plus en plus couru dans les paroisses parisiennes de la rive droite, mais…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Maitena Urbistondoy

Maitena Urbistondoy

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneInternationalSociété

Intelligence artificielle (3/5) : Des enjeux géopolitiques et économiques de taille

DOSSIER « L’intelligence artificielle : entre innovation et responsabilité » | L'intelligence artificielle est devenue un enjeu majeur dans la compétition technologique mondiale, suscitant des investissements colossaux et des stratégies géopolitiques ambitieuses. Entre course à la puissance, dépendance aux capitaux privés et régulation incertaine, l'équilibre entre innovation et souveraineté reste à trouver.

+

Intelligence artificielle enjeux géopolitiques et économiques
À la uneÉgliseSociété

Le combat pour la vie sauvera l’humanité

Parole du Pape | S’adressant aux membres du mouvement pro-vie italien venus à Rome en pèlerinage le 8 mars dernier, le pape François a une fois encore insisté sur l’importance de la protection et de l’accueil de la vie, qui peut sembler à rebours de la société actuelle, plus portée sur la rentabilité.

+

pape François pro vie
À la uneSociétéDoctrine socialePhilosophie

Intelligence artificielle (1/5) : Antiqua et Nova, nouvelle technologie et vieille sagesse

DOSSIER « L’intelligence artificielle : entre innovation et responsabilité » | L’importance grandissante ces dernières années de l’intelligence artificielle a poussé le Dicastère pour la Doctrine de la Foi à se pencher sur le sujet et à publier en janvier dernier une note, conjointement avec le Dicastère pour la Culture et l’Éducation. Une mise au point bienvenue, des distinctions utiles, des rappels indispensables, et un critère ultime, le bien commun.

+

intelligence artificielle antique et nova
À la uneSociété

Premier forum VIVA ! : deux jours pour défendre la vie et la famille !

ENTRETIEN | Le premier Forum VIVA ! , organisé les 22 et 23 mars au parc de Vincennes à Paris, rassemble une cinquantaine d'associations engagées pour la famille et la vie – dont Mère de Miséricorde, la Fondation Jérôme Lejeune, la Marche pour la Vie, Alliance Vita et l’ECLJ. Florence Gros, présidente de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH), explique l’origine de cet événement inédit, sa mission et ses objectifs principaux.

+

forum VIVA !
ÉgliseCarême

« Caridad » : Des projets humanitaires de Redon à l’international

Initiatives chrétiennes | Spécialiste de l’aide au développement, l’association « Caridad » s’est tournée vers l’international et œuvre désormais en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud. Elle intervient dans plusieurs domaines, éducation, accès à l’eau, micro-crédit, mais toujours dans un environnement catholique. Entretien avec Irénée de Poulpiquet responsable projet.

+

caridad humanitaire