Frédérique Lazarini met en scène L‘Avare de Molière, au théâtre 14. Dans un décor original et avec des comédiens talentueux, Molière trouve toute sa place.
Vu et revu, lu et relu et pourtant la magie du théâtre de Molière opère encore ! Rien d’étonnant à cela, car cette double devise classique « il faut instruire et plaire » et « castigat ridendo mores » ( « elle [la comédie] corrige les mœurs en riant ») opère à merveille dans L’Avare. Théâtre de la passion humaine dans ses contrastes les plus saisissants, la pièce décrit cette bataille incessante pour libérer les liens de l’amour qui font vivre, tels ceux d’Élise et Valère, Marianne et Cléante, et pour fustiger l’enfermement mortifère d’un Harpagon. Tout est à vif chez Molière. Son théâtre n’est pas exempt d’une grande violence, mais toujours tempérée par l’incongruité des situations portées à l’extrême. Subtil équilibre opéré par l’usage comique de la farce qui autorise des confrontations à la démesure. On voit avec L’Avare combien la frontière entre comédie et drame peut être ténue. L’originalité de la mise en scène de Frédérique Lazarini est dans le décor de la pièce. Tout se joue dans un jardin « d’herbes amères, de mauvaises herbes ». Ce symbolisme d’un lieu naturel à ciel ouvert, où il peut faire beau comme il peut faire un temps lourd, orageux ou pourri est un miroir de l’intériorité des protagonistes de la pièce. Les comédiens entraînés par la présence d’Emmanuel Dechartre en Harpagon nous y promènent le jour et la nuit dans un tourbillon qui emporte le spectateur du début à la fin. Un régal !
Théâtre 14, 20 av. Marc Sangnier, Paris XIVe jusqu’au 31 décembre. Lundi, mercredi et jeudi à 19 h, mardi, vendredi à 20 h 30, samedi à 16 h. Relâche le 25 décembre. Représentation exceptionnelle dimanche 31 décembre à 20 h 30. Réservations : 01 45 45 49 77.