Voilà un sujet qui devrait préoccuper Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, si prompte à pointer du doigt tout ce qui à ses yeux témoigne de l’inégalité, du sexisme ou des violences faites aux femmes. Le Figaro révélait le 27 novembre la mise sur le marché par le laboratoire Linepharma de la pilule abortive Miffee pour laquelle les essais cliniques n’ont pas été faits, malgré les mises en garde adressées au ministre de la Santé Marisol Touraine par six professeurs de gynécologie, Israël Nisand, chef du pôle de Gynécologie obstétrique au CHU de Strasbourg, Philippe Descamps d’Angers, Hervé Fernandez de Bicêtre, Aubert Agostini de Marseille, Jean-Louis Benifla et Bruno Carbonne de Trousseau à Paris.
D’un scandale à l’autre
Les récents scandales sur les pilules contraceptives de 3e et 4e générations n’ont pas suffi à arrêter les laboratoires pharmaceutiques, plus préoccupés par l’argent que par la santé de leurs clientes. Sans nier la responsabilité des femmes qui décident d’avorter, ces laboratoires ainsi que les autorités qui les ont laissé faire, sont coupables de mettre sciemment en danger la vie des milliers de femmes qui font encore confiance aux organismes de santé. N’ayons pas peur des mots, le laboratoire Linepharma fait des femmes ses cobayes. Le principe de précaution ne pèse pas lourd dans la balance à côté de l’intérêt et du profit. La pilule Miffee ne peut en effet être prescrite qu’en association avec un autre médicament, le Gemeprost, qui n’est pourtant plus commercialisé en France à cause de ses effets secondaires, parce qu’il coûte cher et doit être conservé à -15°C. Le Miffee sera donc utilisé en France en association avec une autre molécule, le Misoprostol. Or celle-ci n’a jamais eu d’autorisation de mise sur le marché pour l’avortement.
Un risque réel
54 % des avortements en France sont faits par voie médicamenteuse, le risque est donc réel. Pourtant la Haute Autorité de Santé (HAS) a décidé le remboursement à 65 % de cette pilule abortive. Qu’attend le gouvernement pour réagir ? Faudra-t-il ajouter aux meurtres de 250 000 bébés perpétrés chaque année celui de centaines de femmes ?
L’avortement par voie médicamenteuse est de plus en plus plébiscité par les femmes parce qu’il est moins cher, plus rapide, moins choquant qu’un avortement par curetage en hôpital : on peut prendre une pilule abortive comme on prend un aspirine pour une simple migraine. Un marché porteur pour les laboratoires.
Najat Vallaud-Belkacem, trop occupée à mener une attaque en règle contre les sites pro-vie qu’elle juge trop visibles et trop bien référencés sur internet, n’a pas vu que les agissements du laboratoire Linepharma sont une atteinte grave au droit des femmes à être informées et à être soignées correctement.
Lors des débats sur la légalisation de l’avortement, ses promoteurs arguaient qu’en avortant clandestinement avec les moyens du bord, les femmes mettaient leur vie en danger, mouraient parfois. Il fallait donc légaliser l’IVG pour qu’elle soit faite en toute sécurité… Paradoxalement, nous sommes peut-être en train d’amorcer un retour en arrière et si les inquiétudes des six professeurs de Gynécologie cités plus haut s’avéraient fondées, les idéologues pro-IVG n’auront plus que leurs yeux pour pleurer car la loi ne suffit pas à protéger les femmes de la maladie ou de la mort.