C’est une sanction qui fait scandale : un directeur d’établissement sous contrat a-t-il été puni pour avoir agi selon le caractère confessionnel de l’enseignement catholique ?
Christian Espeso, directeur de l’établissement catholique de l’Immaculée Conception, à Pau, a été suspendu de ses fonctions pour une durée de trois ans par décision de la rectrice de l’académie des Pyrénées-Atlantiques. « Atteinte à la laïcité », voilà ce qui lui est reproché. Directeur depuis plus de dix ans du plus grand établissement privé catholique sous contrat du département, qui est devenu l’un des meilleurs de France, son projet éducatif serait trop catholique aux yeux de l’Éducation nationale. Cette sanction fait suite à un article à charge de Libération qui, malgré son ton offensé, peine à pointer des faits réellement choquants et illégaux. Il n’y a pas eu d’attaques au couteau ou de trafic de drogue dans l’établissement, mais une conférence avec un évêque sur les heures de cours, des cours de catéchisme notés et d’autres choses du même acabit…
Un combat de longue haleine
Cela semble kafkaïen mais tout s’éclaire lorsque l’on comprend ceci : pour un agnostique de gauche (ici les syndicats SNES, FSU, etc.), le financement public de l’enseignement privé majoritairement catholique est inacceptable. Pourquoi ? Cela lui semble contraire à la loi de séparation de l’Église et de l’État car de l’argent public va à des « écoles religieuses ». Mitterrand souhaita les fermer, purement et simplement, en 1984. Face à la mobilisation, le projet de loi Savary fut retiré, mais avant cela et depuis, c’est un combat de longue haleine qui est mené par la gauche pour gommer le caractère confessionnel de ces établissements. Cette mission est globalement accomplie puisque les établissements privés doivent respecter les programmes de l’Éducation nationale, ils ne peuvent refuser des élèves sur la base de leur religion et sont sous pression pour faire « plus de mixité sociale », leurs libertés pédagogiques ont été réduites, etc. Au fur et à mesure des années, les établissements privés catholiques qui, à l’instar de celui de Pau, ont encore des créneaux de confession, des messes et des évêques qui viennent, sont devenus rares. C’est donc une nouvelle mise sous pression de tous les établissements privés pour qu’ils effacent encore davantage leur caractère confessionnel. Le deuxième élément essentiel à comprendre est que cette sanction sévère s’inscrit dans une large campagne de l’Éducation nationale pour détruire toute initiative, chrétienne…