Le Christ, notre véritable espérance, est ressuscité. Alléluia ! Nous venons à nouveau de proclamer cette bonne nouvelle qui n’est pas seulement celle d’un jour et d’une fête, fût-elle la plus grande du calendrier chrétien, mais celle qui rejaillit et irrigue constamment notre vie.
N’est-ce pas saint Pierre qui appelle justement le Christ « le Prince de la vie » (Ac 3, 15) ? Comment pourrions-nous oublier que celui-ci doit justement régner sur chacune de nos existences ?
Dans son homélie de Pâques 1976, le grand théologien que fut le père carme Joseph de Sainte-Marie (1931-1985) rappelait que
« le Christ est précisément le salut du monde, ayant pris sur soi la malédiction qui pesait sur lui et l’ayant ensevelie dans sa propre mort, en sorte que, depuis sa résurrection, toute force de vie, dans le monde, provient de lui et tend de soi à retourner à lui. » Il ajoutait : « soutenus par son Église, par ses sacrements, et par ses saints, les hommes qui croient en lui devront jusqu’à la fin du monde travailler à établir son règne aussi dans l’ordre temporel, en y faisant régner – dans la vérité – la justice et la charité, et cela en se heurtant toujours aux forces du mal, du péché et de l’enfer. »
La source de notre espérance, y compris temporelle, se trouve donc bien dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
Une espérance même temporelle ?
Y compris temporelle ? Une récente disputatio à propos d’un article de L’Homme Nouveau (n°1803) consacré à l’avortement (cf. notre dossier) me pousse à poser directement la question.
L’état de notre société, et plus largement du monde, l’application de lois contraires à la loi naturelle, l’écart abyssal entre nos efforts et les résultats obtenus ne peuvent que conduire à une interrogation sur une possible espérance politique.
Étant entendu, pour éviter d’emblée toute équivoque à ce sujet, qu’il ne s’agit pas ici des batailles électorales et de la soif du pouvoir mais de la possibilité de faire revivre normalement (selon la loi naturelle) la société dans son ensemble (et non un simple périmètre préservé), elle-même réordonnée à sa finalité qui est le Christ.
Les arguments pour montrer qu’une telle espérance est vaine ne manquent pas, comme si un certain sens de l’histoire s’imposait au détriment du seul véritable sens qui est Jésus-Christ, alpha et oméga. Mais justement ! Puisque nous évoquons l’espérance, celle-ci peut-elle être d’une certaine manière politique ?
Dieu, notre espérance
À vrai dire, ce ne sont pas simplement l’état du monde et la situation actuelle qui portent à répondre par la négative. Dans la compréhension chrétienne de l’espérance, celle-ci est une vertu théologale dont l’objet n’est certainement pas les questions d’ordre temporel. Son objet, synthétise derrière saint Thomas le père Le Tilly (op)
« est Dieu lui-même possédé par nous dans le ciel, et tous les autres bien ordonnés à cette béatitude ».
À ce titre, l’espérance nécessite absolument la foi infuse.
« C’est la foi, écrit toujours le père Le Tilly, qui va fournir à l’espérance toutes les connaissances dont elle a besoin pour naître, croître et se développer. »
Elle exige aussi l’amour qui nous fait désirer ce bien qui nous dépasse infiniment, à savoir Dieu lui-même.
Derrière saint Thomas, nous pouvons pourtant distinguer entre l’espérance qui regarde la béatitude comme sa fin ultime et celle qui lui est ordonnée au rang de cause seconde et instrumentale
« qui aide dans la recherche de tous les biens ordonnés à la béatitude » (IIa IIae, q. 17, art. 4).
Ne pas perdre de vue la fin ultime
À ce titre, la politique, dès lors qu’elle vise au règne du Christ, peut être et doit être l’objet d’une véritable espérance. D’autant qu’en raison même de son efficience, dès lors qu’elle est ordonnée au bien, elle a rang de charité, « la plus haute » après la religion, comme le relevait Pie XI.
Mais alors, où se situe exactement le problème ? N’est-il pas d’abord de notre côté, dans notre faiblesse, dans notre manque de foi, de charité et… d’espérance ? Tant que saint Pierre croit en la parole du Christ, il en espère les effets et marche sur les eaux. Quand il cesse de croire, il cesse d’espérer…
La foi est en jeu mais aussi la charité car manquer d’espérance revient aussi à manquer d’amour pour Dieu et sa loi. Même au plan temporel, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas perdre de vue la finalité ultime d’un vrai combat politique qui est le règne du Christ sur les personnes, les familles et la société.
Ne perdons pas courage ! Le but est lointain mais nous devons œuvrer à son avènement car notre espérance se fonde sur le Christ, mort et ressuscité.
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