« Les Survivants » : lutter sans renforcer le système ?

Publié le 01 Mar 2024
survivants

Émile Duport lors de la Marche pour la vie 2018 à Paris. © Peter Potrowl / CC-BY-SA-4.0

La récente action d’éclat du collectif anti-avortement « Les Survivants » a eu essentiellement comme effet la fermeture de son site Internet. Reposant sur un « coup de com », elle pourrait coûter cher à certains militants. L’occasion de se poser la question des moyens, des fins et des résultats de la lutte contre l’avortement de ces cinquante dernières années.

  Le 15 février dernier, le site Internet du collectif provie « Les Survivants » s’est vu imposer une fermeture judiciaire. En cause : leur dernière action spectaculaire. Le 25 mai, puis le 15 juin 2023, les Parisiens se réveillent en découvrant des centaines d’autocollants apposés sur les Vélib’ de la capitale. Le visuel, qui ressemble à une communication officielle, montre un bébé grandissant depuis le stade d’embryon jusqu’à celui d’un enfant avec ce slogan : « Et si vous l’aviez laissé vivre  ?». Le 15 juin, 30 % du parc Vélib’ étaient touchés, soit 6 000 vélos. survivants Les réactions ne se sont pas fait attendre. Sylvain Raifaud, président du SAVM, prestataire des Vélib’, dépose plainte au nom de sa société. Dans une lettre à Élisabeth Borne, alors Premier Ministre, Hélène Bidard, adjointe au maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes, exige d’« examiner la possibilité de dissoudre ce groupuscule ».  

Des rescapés

« Les Survivants » emploient visiblement des méthodes qui ne laissent pas les autorités indifférentes. Par son approche, ce collectif souhaite s’émanciper d’une vision confessionnelle de la défense de la vie où la foi et la morale justifient de ne pas recourir à l’avortement. Ses membres se baptisent « les Survivants » car ils se considèrent comme des rescapés ayant eu la chance de naître. Ce collectif n’en est pas à son coup d’essai. Son fondateur, Émile Duport, est un professionnel de la communication ayant des affinités économiques avec le groupe Vivendi de Vincent Bolloré, via sa société Progressif Média dont l’industriel détient des parts (1). Ce type d’action fait-il partie de la stratégie de monsieur Bolloré pour peser sur le pouvoir, la société et les affaires (2) ? Quoi qu’il en soit, le coup d’éclat via les moyens de communication actuels est la marque de fabrique d’Émile Duport, c’est son métier. Cependant l’action des Vélib’ pose la question de son objectif et de la pertinence des moyens mis en place par rapport aux effets obtenus. Le but est-il de lutter radicalement contre l’IVG et donc…

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Thomas Lassernat 

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