Fondée il y a presque vingt ans et maintenant installée dans toute la France, l’association Ensemble2générations organise des colocations entre des jeunes dont les moyens modestes sont un frein aux études et des seniors qui craignent l’isolement. Deux problèmes, une solution commune et un succès notable.
« J’aime vivre en famille. Ici, je me sens comme avec mes grands-parents. » Valéria, étudiante de 23 ans en master de logistique, revient sur son expérience de colocation avec André et Françoise, un couple accueillant des jeunes dans le cadre des colocations d’Ensemble2générations (E2G). Fondée en juin 2006, l’association met en relation des seniors, à partir de 60 ans, ayant une chambre disponible, avec des étudiants ou jeunes professionnels de 18 à 30 ans à la recherche d’un logement. Un projet ingénieux permettant de répondre dans le même temps à l’isolement croissant des aînés et à la précarité du logement pour ceux qui démarrent dans la vie.
Le coût de la solitude
Une réponse au sentiment de solitude des personnes âgées souhaitant rester dans leur domicile. Une large majorité de Français désirent aujourd’hui vieillir chez eux mais sont souvent freinés par la peur de se retrouver seuls. Le maintien à domicile représente pourtant un coût conséquent : sans compter les aides de jour, une présence de nuit coûte entre 1 300 et 1 800 euros par mois contre une retraite moyenne de 1 503 euros brut. Un aménagement souvent inaccessible financièrement pour les aînés et leurs familles. La raréfaction des places en maison de retraite, dont les services sont souvent en sous-effectif en termes de personnel soignant – une infirmière pour 60 résidents –, soulève également des difficultés. D’après le ministère de la Santé et des Solidarités, 4 millions de Français accompagnent un proche âgé dépendant, soit environ 20 % de salariés. Cet engagement nécessaire peut s’avérer particulièrement lourd pour les familles aidantes dépourvues de moyens supplémentaires, et affecte leur vie sociale, professionnelle et également leur santé. Les jeunes étudiants sont de leur côté 67 % à quitter le domicile familial alors que, selon l’Insee, en 2021, une famille sur deux n’a pas les moyens de financer ce logement. Obligeant ainsi les étudiants à travailler en parallèle de leurs études, et augmentant le risque d’échec universitaire. Le travail salarié d’un étudiant tourne en moyenne autour de quinze heures par semaine, contre trente heures de cours, et représente actuellement…