Faut-il craindre les faillites bancaires ?

Publié le 28 Mar 2023
faillites

Les mésaventures récentes d’une banque américaine et d’une banque suisse laissent planer la crainte d’une catastrophe comparable à la crise de 2008 qui, partie des États-Unis, avait contaminé la planète. Que s’est-il passé ces dernières semaines ? Le système est-il dans la même situation qu’il y a quinze ans ? Explications par le fondateur d’une société de gestion, aguerri sur les marchés financiers depuis quatre décennies.   Les marchés financiers qui avaient pourtant bien commencé l’année et digéré les hausses de taux décidées par les banques centrales ont replongé, depuis début mars, dans l’angoisse, avec l’impression de revivre à l’identique le scénario de la grande crise financière de 2008. La raison ? La faillite d’une petite banque américaine et la situation catastrophique du Crédit Suisse. Si ces deux événements sont, a priori, sans rapport, les marchés financiers, très (trop ?) réactifs, ont tout de suite imaginé le pire. Revenons tout d’abord sur la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), banque très prisée par les fonds de la nouvelle religion dite ESG (Environnement, Social et Gouvernance), qui deviendra sans aucun doute un cas d’école, tant sur l’impact des comportements moutonniers des épargnants que sur la possible optimisation réglementaire que peut se permettre ce type d’établissement. En effet, en dessous de 250 milliards de dollars d’actifs (en Europe ce seuil est fixé à 30 milliards d’euros), les autorités américaines se montrent moins regardantes et exigent moins de garanties. SVB était justement sous ce seuil. Cette banque était très prisée des acteurs de la Silicon Valley et particulièrement des « start-up », très riches en liquidités, après des années record de levées de capitaux. Tout cet argent dormait tranquillement dans les coffres de SVB en attendant de futures opérations de croissance externe ou, plus simplement, le paiement des salaires des stars de la « tech ». Si une banque ordinaire prête de l’argent, SVB était plutôt vue comme une banque de dépôt, ses principaux clients n’ayant pas besoin d’emprunter. En effet, les crédits ne représentaient qu’une petite partie de son bilan. La banque n’a pas eu d’autre choix que d’investir une large part de ces dépôts en bons du Trésor avec une maturité longue afin de bénéficier de rendements non nuls et de réaliser un maigre bénéfice. Mais, avec la remontée des taux d’intérêt, ces placements, même s’ils demeurent sans risque puisque prêtés à l’État américain, ont perdu de leur valeur à court terme. Mais comme dans un monde normal…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Éric Doutrebente, président du Comité de surveillance de la Financière Tiepolo

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

La République du Panthéon

L’Essentiel de Joël Hautebert | En accueillant Robert Badinter, la République a poursuivi sa liturgie laïque au temple de ses héros. De l’église Sainte-Geneviève au sanctuaire des « grands hommes », le Panthéon incarne la substitution progressive du culte de Dieu par celui de la République.

+

robert Badinter panthéon
SociétéArt et Patrimoine

Transmettre le patrimoine vivant, un défi pour la France

Entretien | Malgré les difficultés et la disparition d’un tiers des événements en cinq ans, les Français restent profondément attachés à leurs traditions festives. Thomas Meslin, cofondateur de l’association « Les Plus Belles Fêtes de France », défend ce patrimoine culturel immatériel et veut lui redonner visibilité et dynamisme grâce à un label national et un soutien accru aux bénévoles. Entretien.

+

patrimoine
Société

Nos raisons d’espérer

L’Essentiel de Joël Hautebert | Malgré l’effondrement des repères et la crise des institutions, il demeure des raisons d’espérer. On les trouve dans ces hommes et ces femmes qui, par leurs vertus simples et leur fidélité au devoir d’état, sont capables d’assumer des responsabilités au service du bien commun.

+

espérer vertu
SociétéFin de vie

Euthanasie : « Pierre Simon voulait faire de la vie un matériau à gérer »

Entretien | Alors que le Sénat reporte une nouvelle fois l’examen du projet de loi sur la fin de vie, l’essayiste Charles Vaugirard publie La face cachée du lobby de l’euthanasie (Téqui). En s’appuyant sur les écrits oubliés de Pierre Simon, fondateur de l’ADMD et ancien grand maître de la Grande Loge de France, il dévoile les racines eugénistes et prométhéennes d’une idéologie qui, selon lui, continue d’inspirer les lois bioéthiques contemporaines.

+

euthanasie pierre Simon