Entretien avec Bertrand de Tinténiac, Président de « Feiz e Breizh »
Le succès de « Feiz e Breizh » donne raison à son existence. Quelle en est l’origine ?
« Feiz e Breizh » naît d’une histoire d’amitié. Nous avons voulu organiser un pèlerinage familial et enraciné dans la tradition liturgique. Seulement quatre au début, nous sommes rapidement passés à 15 et nous avons voulu faire un pèlerinage qui ait de l’allure. Nous aimons cette chrétienté en marche, qui se montre et arrête de se cacher. Nous sommes galvanisés par les oriflammes qui volent au vent, les chants dans la cité. Nous avons donc créé une association, « Feiz e Breizh », « Foi en Bretagne », pour nous étendre au-delà de nos familles. Une symbiose s’est créée, fondée sur le désir de faire quelque chose qui ressemble à ce que nous sommes. La première édition a eu lieu en 2018, rassemblant 150 personnes. Cette année nous étions 480 à faire toute la route, et environ 1 200 à la messe du dimanche. C’est une forte hausse puisque l’année dernière nous étions 320 à marcher.
Une telle affluence autour de la messe traditionnelle semble paradoxale depuis la publication il y a un an de Traditionis Custodes.
Cette question est au cœur de nos préoccupations. La bienveillance de Mgr Centène, évêque de Vannes, est cependant indéniable. Interrogé sur le bivouac, il a parlé de manière très belle et courageuse, soulignant la moyenne d’âge de nos pèlerins et voyant en eux une forme de l’avenir de l’Église. Il nous donne une crédibilité importante vis-à-vis des congrégations et des diocèses, qui ne peuvent pas nous regarder seulement comme un îlot de résistance, hors du temps ou passéiste : Monseigneur nous donne sa bénédiction en reconnaissant que notre œuvre est réellement missionnaire. Grâce à lui, la basilique nous est ouverte et nous n’avons pas de difficultés aujourd’hui. Mais il ne sera pas toujours là et nous nous sentons évidemment fragiles. Peut-être un jour aurons-nous les portes fermées. Cela ne nous arrêtera pas.
Vous dites avoir créé ce pèlerinage dans une volonté d’enracinement. Quel sens donnez-vous à cette démarche ?
Nous avons défini cet esprit traditionnel dès l’origine, en mettant en avant trois piliers : mission, tradition, patrimoine. La mission est l’idée d’être en marche, d’évangéliser, de sortir de nos églises pour porter nos croix. La tradition se comprend au sens de faire vivre une liturgie multiséculaire, dont la forme met…