Incompétence des politiques, imprévoyance des dirigeants, inconséquence des écologistes, le gaz et l’électricité manqueront inévitablement si la saison est rigoureuse. Directeur de la rédaction d’Économie Matin, écrivain, auteur avec Jacques Bichot de Dernière crise avant l’Apocalypse, Jean-Baptiste Giraud prévoit un hiver difficile pour les Français. Explications.
Quelles sont les conclusions de la rencontre franco-allemande sur la question de l’énergie ?
Une simple gesticulation politique face à la réalité technique. Les rencontres peuvent être multipliées avec la Suisse, les Émirats arabes unis ou bien avec l’Allemagne : rien n’en sera changé. La question est purement logistique : la taille des tuyaux, les largeurs de câbles. En matière d’énergie, il nous faut faire face à des problèmes à court terme, qui n’ont pas de solution. On vient de le voir avec les blocages des raffineries : quand la chaîne logistique est perturbée, le retour à la normale est extrêmement lent. Si nous ne produisons pas l’énergie dont nous avons besoin cet hiver, ou si nous ne l’importons pas, pour le gaz, les sommets entre gouvernements n’y changeront rien ! Les coupures sont inéluctables, si l’hiver est normalement froid.
Les annonces du gouvernement sur une législation plus souple en matière de construction nucléaire vous semblent-elles opportunes ?
C’est très bien de vouloir simplifier les règles d’urbanisme pour accélérer la construction de centrales nucléaires. Mais on est très en deçà de ce qu’il faudrait faire. Si on prend l’exemple de la Seconde Guerre mondiale, avant sa déclaration de guerre, et jusqu’en 1941, les Allemands construisent autant d’avions de chasse que les Anglais. Mais après Pearl Harbor, les Américains produisent rapidement deux, trois, cinq fois plus d’avions. C’est une des clefs de la victoire des Alliés, le matériel. Le problème est similaire avec la guerre de l’énergie qui s’annonce. Il nous faut identifier et financer les études de milliers d’ingénieurs atomistes, mais aussi de techniciens spécialisés, réquisitionner des terrains, lever tous les obstacles juridiques par des mesures d’exception, et commencer à construire des centrales demain, pas dans cinq ou dix ans ! Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, la France sortait deux réacteurs nucléaires par an. C’est le strict minimum à atteindre pendant les trente prochaines années, pour remplacer les réacteurs en fin de vie et faire face à la fameuse transition énergétique que l’on voudrait tout électrique, quand bien même…