À l’abri des modes de masse, le goumier avance, quelles que soient la météo ou les circonstances du moment, cherchant à entrer dans l’espace temps divin. Pour cela, il lui faudra reprendre chaque année son chemin. La richesse de notre communauté tient, certes, à la valeur de ses composants, mais aussi à leur diversité. Et pourtant… et pourtant, quand on les observe bien ces vieux Goumiers, lorsqu’ils marchent à la tête de leur petite tribu dans le désert, on ne peut pas ne pas voir qu’ils se ressemblent étrangement ! Ils ont, en effet, au moins deux traits en communs : ils ont tous l’esprit, le cœur et les gestes d’un « humble serviteur » en même temps que l’allure, le cœur et l’esprit d’un « grand chef ». À les voir, on finit même par se demander si la dominante, dans la personnalité d’un Lanceur de raid, n’est pas, justement, cette alliance de grandeur et… d’humilité ? Pour un Goumier initié, les « gestes d’humble serviteur » trouvent leur « modèle opérationnel » dans les gestes du Christ lavant les pieds de ses apôtres. C’est l’une des images clés de l’Évangile. Si bien que nul, chez nous, ne s’étonne de voir le Padre ou le vieux Goumier à genoux devant l’un ou l’autre des jeunes pour lui cirer les godasses. Pas plus qu’on n’est surpris, après vingt-cinq bons kilomètres de petits sentiers malaisés, de voir l’un ou l’autre des vieux Goumiers rester debout ou partir, sans se presser, chercher du bois pendant que tout le monde… s’écroule. De même, aux premières lueurs de l’aube, on trouve tout naturel, en se réveillant, de voir briller une belle grande flamme au cœur du bivouac ! Et qu’on n’aille surtout pas croire que les vieux Goumiers font ça pour donner… le bon exemple. Ils ont, d’ailleurs, mille autres gestes du même genre. Servir les autres à tout instant leur plaît. Ils aiment ça ! Il paraît que, lorsqu’on a médité le lavement des pieds, ça ne fatigue pas. En tout cas, ça crève les yeux : ils se veulent proches, très proches de ceux qu’ils ont entraînés dans le désert. Et ils le sont… au naturel. Mais, curieusement, cette proximité attentive des vieux Goumiers à leurs ouailles ne les empêche en aucune manière de se comporter comme des… grands chefs (!), c’est-à-dire comme des êtres un peu distants, quasi aériens, presque… étrangers au groupe qu’ils pilotent. (…)…
Ermonia : Magnificat, une adaptation de René Bazin en court-métrage
L'association de production cinématographique Ermonia s’est éprise de la noble ambition de faire éclore la beauté, en tissant des liens entre les trésors de l'Histoire, les splendeurs de la littérature et les échos du patrimoine. Ermonia présente son troisième moyen-métrage de quarante-cinq minutes : Magnificat, un voyage dans la Bretagne du début du XXe siècle.