GPA et filiation (3/4) : La gestation pour autrui est-elle bien féministe ? 

Publié le 13 Juin 2024
gpa féminisme

Le féminisme hypertrophie l’individu. © CCBY2.0, JeanneMenjoulet

À un moment de l’histoire humaine où les frontières biologiques sont bousculées par de nouvelles technologies et où la « dignité » est instrumentalisée pour s’affranchir des barrières morales, un philosophe revient sur la GPA et sur la dégradation qu’elle représente pour la mère, l’enfant et les « parents d’intention ».

  La pratique des « mères porteuses », dite aussi « gestation pour autrui » ou « mères de substitution », est-elle conforme au respect dû aux femmes ? Respecter une femme, c’est reconnaître sa dignité en tant que telle, comme on respecte celle des hommes. Le document récent du Vatican sur la dignité [1], malgré certaines lacunes [2], rappelle, en citant saint Thomas d’Aquin, la source et la réalité de la dignité : celle-ci est issue de la nature humaine sur le plan philosophique comme théologique, premier sens du mot, tout autant que du comportement de chacun, deuxième sens. En un troisième sens, on parlera de dignité pour désigner une reconnaissance sociale. On doit évidemment préciser que la dignité ultime de l’être humain se trouve, dans l’ordre de la foi, dans le sacrement du baptême qui le rend enfant de Dieu et sauvé par la grâce.   

Le féminisme…

La GPA n’est-elle donc pas une forme de pratique indigne ? Le féminisme contemporain présente une contradiction interne qui peut nous éclairer. Issu de la première vague revendiquant l’égalité des droits civiques (XIXe siècle), il se poursuit par la deuxième, revendiquant la liberté sexuelle et toutes les biotechniques qui en sont les conséquences (XXe siècle) pour aboutir à un féminisme « sans femme » (XXIe siècle) [3], c’est-à-dire à l’abolition des réalités même que sont les identités homme-femme : le modèle devient celui des multiples « identités de genre », laissées au libre choix de chacun avec la possibilité d’aller et de venir de manière « fluide » d’une identité à l’autre sans contraintes liées à la nature corporelle. Dans ce contexte, nombre de féministes se revendiquent non binaires, ni homme ni femme, tandis que d’autres en réaction revendiquent leur identité sexuelle au sens strict d’identité corporelle sexuée. Peut-être ces dernières sont-elles plus sensées ? La dignité des femmes et des hommes ne réside-t-elle pas tout autant dans leur corps que dans leurs facultés spirituelles ?   

La dignité de la personne humaine

Citer saint Thomas peut être un recours fondamental. Celui-ci, en définissant l’être de la personne humaine…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Michel Boyancé, Doyen émérite de l’IPC

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéÉducation

Inspections : l’Enseignement catholique dénonce des abus

Après avoir réclamé près d’un milliard d’euros de financements manquants, l’Enseignement catholique affronte une nouvelle épreuve : les 900 contrôles menés par l’Éducation nationale depuis l’affaire Bétharram. Devant les députés, Guillaume Prévost a dénoncé des pratiques « inacceptables » et demandé une mission parlementaire.

+

enseignement catholique Prévost inspection
SociétéÉducation

Non à la sexualité infantile !

Directives européennes et idéologie sexualiste au niveau mondial s'appuient sur de fausses données pour faire adopter leurs décisions, au détriment du développement serein de l'enfant. C'est ce que dénoncent, dans un livre dur mais réaliste, un médecin et un docteur en psychopathologie.

+

sexualité enfant
SociétéNoël

Noël face au consumérisme

L’Essentiel de Joël Hautebert | À l’approche de Noël, la fête chrétienne se voit éclipsée par un calendrier façonné par la consommation. Marchés, promotions et « magie » commerciale remplacent peu à peu le sens spirituel, révélant une société où tout devient éphémère jusque dans nos liens et nos repères. 

+

noël consumérisme
Société

Le Christ-Roi : Une « approche constructive »

Pour célébrer le centième anniversaire de l’encyclique, l’abbé Jean-Pierre Gac, fondateur de la Fraternité Saint-Thomas-Becket, publie une belle brochure où il expose « une approche constructive » de la doctrine du Christ-Roi.

+

christ roi christ-roi
Société

L’homme transformé (3/3) | Résister à l’emprise du monde moderne

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Face à un système fondé sur le consensus, la conformité et la servitude volontaire, la résistance ne peut plus prendre la forme des révoltes d’hier. Elle passe aujourd’hui par la lucidité, la formation intellectuelle et la reconstruction d’une vie réellement libre.

+

l’homme transformé totalitarisme