Au Musée Jacquemart-André de Paris, une peinture étonnement silencieuse accueille le visiteur. Si elle présente des personnages, ils sont soit solitaires, tournant souvent le dos au spectateur (Intérieur. Coin de salle à manger. Strangad30, 1899), soit en groupe, mais sans conversation et sans échange de regard (Trois jeunes femmes, Cinq portraits)… Quel étrange univers !
La couleur est réduite au minimum, avec de subtiles nuances de gris, parfois bleutées, des ocres jaunes, quelques bruns, du blanc et du noir. Toutes ces teintes sont cependant savamment orchestrées et créent un éclairage très poétique. Il y a des influences de Vermeer, dans la dimension assez statique et énigmatique des compositions, qu’Hammershøi découvrit lors d’un voyage en Hollande et, de Pieter de Hooch, dans la manière de présenter des intérieurs aux portes ouvertes et aux délicats rayons de soleil traversant les fenêtres.
Paysages ou architectures sans présence humaine sont aussi le sujet de tableaux.
Né en 1864, à Copenhague dans une famille aisée, Vilhelm Hammershøi montra très jeune de grandes aptitudes artistiques. Il étudia dans diverses écoles d’art et fit de nombreux voyages en Europe. Il épouse Ida, la sœur d’un de ses camarades d’Académie qui devient son modèle favori. Admiré de son vivant, il est tombé dans l’oubli après sa mort en 1916, sauf dans les pays nordiques. En contemplant ses peintures, on ne peut s’empêcher de penser à l’atmosphère des films de Dreyer puis, plus près de nous, au Festin de Babette…
Un bel hymne à la lumière si particulière des pays nordiques !
Jusqu’au 22 juillet 2019. Musée Jacquemart-André, 158 bd Haussmann, 75008 Paris.
Tél. : 01 45 62 11 59. Ouvert de 10h à 20h30.