L’étude des termes employés dans la Genèse pour désigner nos premiers parents éclaire la conception de l’être humain, semblable et sexué, qui sous-tend le récit. la nature commune et supérieure de l’homme et de la femme comme leur différence spécifique ressortent des expressions mises dans la bouche de Créateur.
Les trois premiers chapitres du livre de la Genèse racontent la création du monde, la faute originelle d’Adam et Ève et la promesse de salut. Ils contiennent en germe, en des formules d’une extraordinaire simplicité et densité, toute l’anthropologie biblique. Une étude précise de leurs désignations en Genèse 1-3 est suggestive.
Eve et vie
La femme est nommée 17 fois « isha », féminin de « ish » ; une fois, « neqèvah » (femelle), en Gn 1,27. Le nom d’« Ève » n’apparait qu’après la faute originelle : « Adam donna à sa femme le nom d’“Ève” [ḥava] : car elle a été la mère de tous les vivants [ḥai] » (3, 20). La malédiction due au péché n’a pas détruit la nature, ni totalement supprimé la bénédiction initiale sur la création. « Ève » et « vie » sont de même racine. La femme est par essence celle qui donne la vie. L’homme est nommé une fois « zākār », « mâle » (Gn 1, 27) ; quatre fois « ish », « mari ». Ailleurs, il est nommé « adam » (26 fois). « Ish-isha », « zākār-neqèvah » définissent l’homme et la femme par leur différence spécifique et leur relation mutuelle ; « Ève » et « Adam » par leur identité singulière. Le nom « adam » est tantôt utilisé comme un nom propre, tantôt comme un terme générique, signifiant « humain ». Distinguer ces deux usages du mot en Genèse 1-3 est particulièrement difficile et touche à la question de fond, elle-même difficile : devons-nous définir prioritairement l’homme et la femme par leur nature commune ou par la différence des sexes qui les constitue ? Le grec et le latin suivent la même logique de traduction : de 1, 26 à 2, 15, le grec traduit toujours « adam » par « anthropos » et le latin par « homo »,…