La négation de la différence sexuelle submerge la société mais les neurosciences confirment cette dualité fondamentale de la nature humaine. Dans un ouvrage récent, le professeur Écochard, docteur en médecine, approfondit la notion de masculinité et en montre toute la richesse.
Entretien avec le professeur René Écochard, docteur en médecine, auteur de Ce que l’homme doit à son chromosome Y.
| Pour la première fois cette année, le prix de la meilleure actrice du Festival de Cannes a été décerné à… un homme. Pourtant, cet homme doit avoir comme tous les autres un chromosome Y. En quoi ce dernier est-il le propre de l’homme et que lui apporte-t-il ?
Homme et femme ont une commune humanité. Mais « l’homme et la femme constituent deux façons selon lesquelles la créature humaine réalise une participation déterminée à l’Être divin. » [1] Le couple humain est un couple de mammifères : la mère porte l’enfant en elle puis l’allaite ; le père est disponible pour remplir d’autres tâches ; l’union fidèle des parents est favorable à leur progéniture. Le chromosome Y apporte à l’homme sa masculinité, c’est-à-dire les qualités physiques et psychiques nécessaires pour transmettre la vie et participer, avec la femme, à la vie familiale et sociale.
| Si le chromosome Y est le principal moteur des traits masculins, comment expliquer alors le comportement des hommes qui veulent se faire femmes ?
Le chromosome Y et l’absence d’un deuxième chromosome X, contrairement à la femme, donnent la direction à prendre pour l’activité de chaque cellule du corps. À titre d’exemple, dans le cerveau émotionnel, l’activité de plus de 2 000 gènes diffère entre homme et femme. Ceci est un effet des marques épigénétiques placées sur ordre des chromosomes sexuels (XY chez l’homme, XX chez la femme) : ces marques activent certains gènes et en inactivent d’autres, ce qui explique certains traits de tempérament spécifiquement masculins ou féminins. La souffrance de personnes ayant du mal à accueillir leur sexe est parfois si forte qu’elles sont prêtes à tout tenter pour échapper à leur nature. S’ajoutent à cela les moqueries qu’elles subissent parfois depuis leur jeune âge en réponse à leurs traits physiques ou de caractère. Elles subissent aussi les mensonges des réseaux sociaux ainsi que le silence du corps médical sur les souffrances à endurer pour modifier…