Le sens des mots et le véritable enjeu du langage

Publié le 24 Mar 2025
sens des mots

L’invention de mots est la marque d’un langage vivant (Pixabay).

> C’est logique ! de François-Marie Portes
En tant que matière vivante, le langage évolue nécessairement et s’enrichit souvent de nouveaux mots pour exprimer au mieux la pensée. Mais certains néologismes sont utilisés pour nourrir des luttes idéologiques et dérivent alors de leur sens littéral. C’est notamment le cas du terme « homophobie » que l’on entend partout.  

  L’apparition des mots est toujours quelque chose de fascinant. Le terme de « matière » au sens de « cause fondamentale des choses », inventé par Aristote en utilisant le terme de « hylè » (1) en est un exemple grandiose. En effet, prenant un mot existant – hylè, qui signifiait littéralement « bois de construction » – Aristote en a dérivé un usage qui va dépasser son sens premier.

Un langage vivant

Chaque époque voit son langage évoluer, se diversifier et s’enrichir. C’est parfois la rencontre avec d’autres langues qui permet que ces dernières s’interpénètrent et s’influencent. Il suffit de penser à des mots comme « week-end » ou bien « être drivé » pour observer ce phénomène. Certains s’en émeuvent ou bien s’en inquiètent. Pourtant, le langage est vivant dans la mesure où il est un outil qui suit une pensée vivante. Certains langages sont dits « morts » (pensons au latin ou simplement à la musique), car ils ne sont plus utilisés comme outils d’une pensée vivante. Ils ne suivent pas une évolution linguistique. L’invention des mots est donc la marque d’un langage vivant. Or, on assiste aujourd’hui à une multiplicité d’inventions de mots. En effet, les revendications politiques, qui abordent de nouvelles réalités, supposent que l’on construise de nouveaux mots. De même, introduire de nouveaux mots pour en remplacer d’autres vient modifier la compréhension que l’on a de la réalité. Par exemple, le fait que les mots « hiérarchie » ou « direction » soient de moins en moins employés au profit des mots comme « collaborateurs » ou « projet » en dit long sur l’incapacité future, pour les employés, à saisir leur rôle véritable.

De nouveaux mots

De nouveaux mots sont apparus et sont suremployés. Et c’est sur eux que je voudrais porter ma réflexion. Les termes comme « homophobe » ou « transphobie » ou « eurosceptique » ou bien « climatosceptique » ne cessent de m’amuser. Commençons donc par celui désignant les « attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes homosexuelles ». (2) Ce terme apparaît pour la première fois dans une revue pornographique américaine (Screw) en 1969. Loin de désigner un rejet, le mot nouvellement créé…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

François-Marie Portes

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

Hôpital : une urgentiste alerte sur un système à bout de souffle

Entretien | Médecin aux urgences de l’hôpital de Laval, Caroline Brémaud décrit la dégradation rapide de l’accès aux soins et le mal-être croissant des soignants. Dans son ouvrage État d’urgences (Seuil), elle dresse un diagnostic sans appel sur un système hospitalier désorganisé, mal rémunéré, et trop souvent aveugle aux réalités humaines du soin.

+

hôpital urgence