En 2015-2016, la mairie de Pampelune (Espagne) avait soutenu et financé une « performance artistique » profanant des hosties consacrées. Celle-ci a été réexposée plusieurs fois et l’est actuellement à Lleida (Catalogne). Cette « performance » est depuis 2018 l’objet d’une affaire à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). À l’occasion de nouveaux développements de cette « affaire des hosties », Nicolas Bauer, chercheur associé au European Center for Law and Justice (ECLJ), a bien voulu répondre à nos questions.
Quels sont les faits pour lesquels l’État espagnol est attaqué devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) ?
Ces faits remontent à 2015. Pendant des mois, un « artiste », Abel Azcona, a collecté 242 hosties consacrées en allant communier dans la main au cours de messes. Il en a ensuite fait une « œuvre », exposée dans une église désacralisée qui sert de salle d’exposition à Pampelune. La municipalité a financé intégralement cette « performance artistique ». Pendant l’exposition, Abel Azcona s’est moqué de catholiques en prière, en faisant circuler des photos d’eux où l’on pouvait reconnaître leurs visages.
Des juristes chrétiens ont déposé plainte mais n’ont pas réussi à obtenir gain de cause en Espagne. C’est maintenant à la CEDH que l’affaire est pendante. Ce ne sont plus l’artiste et la mairie qui doivent rendre des comptes, mais le Gouvernement espagnol. L’enjeu est de savoir quelles sont ses obligations européennes en matière de droits de l’homme.
Les autorités publiques espagnoles ont non seulement toléré, mais aussi soutenu et financé des actes antichrétiens. Pour cette raison, des chrétiens ainsi que l’État polonais ont tenté de convaincre la Cour que l’Espagne avait violé les droits des chrétiens.
Pourquoi la Pologne s’est-elle mêlée de cette « affaire des hosties » à la CEDH ?
Pour bien comprendre, il faut se pencher sur le fonctionnement de cette Cour. Dans chaque affaire, deux parties principales s’opposent : cette fois, ce sont des chrétiens espagnols contre l’État espagnol. Ensuite, il peut y avoir des « tierces parties », qui interviennent dans la procédure afin d’apporter une expertise ou une opinion. Dans cette affaire, il y en a eu exceptionnellement huit : la Conférence épiscopale espagnole – que l’European Center for Law and Justice (ECLJ) représente -, la Conférence épiscopale slovaque, cinq associations chrétiennes et l’État polonais.
En général, lorsqu’un Gouvernement intervient en tant que tierce partie, c’est que l’un de ses ressortissants est concerné, ou alors qu’il veut défendre la position de l’État attaqué. Dans cette affaire, la Pologne n’intervient pour aucune de ces deux raisons, mais pour défendre les droits des chrétiens et ceux de Jésus Christ.
Les droits de l’homme peuvent-ils vraiment permettre d’éviter de telles profanations d’hosties consacrées ?
Il est vrai que ce sont les hommes qui ont des droits, et non des hosties. Bien que Jésus soit aussi un homme, et soit même un homme vivant, présent dans chaque hostie, les droits de l’homme ne le protègent évidemment pas en tant que tel. Ils ne connaissent pas la Révélation, ils sont « agnostiques ».
Mais les droits de l’homme peuvent au moins être fondés sur la nature humaine. Ils incluent alors la liberté de rendre un culte à Dieu. Cette liberté, si elle était pleinement protégée, impliquerait de sanctionner de tels sacrilèges. Malheureusement, l’interprétation actuelle des droits de l’homme nie bien souvent la nature humaine, en particulier sa dimension spirituelle.
Ceci dit, l’ « affaire des hosties » ne nécessite pas d’aller aussi loin dans la réflexion. Ce que la Cour doit protéger, c’est un respect minimal des chrétiens. Ceux-ci ne devraient pas pouvoir être ainsi lynchés avec le soutien des autorités publiques.