Le 20 février dernier, une femme enceinte se faisait renverser par une voiture et perdait son bébé de cinq mois. L’affaire a été portée devant le tribunal de Tarbes, le conducteur jugé coupable d’homicide involontaire le 4 février et l’on s’attendait ces derniers jours à ce qu’il fasse appel de la décision. Finalement, le conducteur a préféré clore l’affaire malgré les questions juridiques qu’elle soulève.
Le statut du foetus
Le fœtus, dans le droit français, ne bénéficie d’aucune protection juridique et un arrêt du 1 août 2001 de la Cour de Cassation stipule même que l’incrimination d’homicide involontaire ne s’applique pas au cas de l’enfant qui n’est pas né vivant. On le sait, cette non-reconnaissance de la qualité de personne humaine au fœtus permet de justifier l’avortement de masse et toutes les autres pratiques sur l’enfant non-né, notamment la recherche sur l’embryon. Comment donc se fait-il que l’automobiliste ait été reconnu coupable ?
« Dans ce jugement, il n’y a aucune prise de position religieuse ou philosophique mais une position humaine. Pour la maman, ce bébé était bien vivant. (…) C’est le choc du foetus contre la paroi utérine qui a provoqué son décès. Il s’agit d’un être humain qui a été tué », a expliqué la présidente du tribunal Elisabeth Gadoullet. « S’il y a mort, il y a eu une vie… Comment peut-on dire qu’un bébé qui réagit à l’environnement qui l’entoure n’est pas un enfant? Pour la maman, il était vivant. Elle a été privée de ce premier enfant et en a ressenti de la culpabilité », a-t-elle également déclaré. Le fait que l’embryon est un être humain vivant n’est contesté par aucun scientifique et à ce titre, les conclusions de la présidente sont justes. Les raisons invoquées pour y aboutir sont en revanche problématiques. « Pour la maman, ce bébé était bien vivant ». Traduisez : le bébé était vivant parce que la mère en avait décidé ainsi. C’est la supercherie de la pensée moderne qui entend conformer la réalité à la pensée et non plus la pensée à la réalité. C’est ainsi la perception des parents qui donnerait à un amas de cellules son caractère de personne humaine. Une femme qui va se faire avorter a-t-elle moins conscience du fait que cet enfant dont elle se débarrasse est vivant ?
Humanité variable
Y aurait-il des fœtus vivants et humains et des fœtus inertes, humains sans l’être vraiment ? « Comment peut-on dire qu’un bébé qui réagit à l’environnement qui l’entoure n’est pas un enfant? », interroge Elisabeth Gadoullet, sans pour autant se demander si on peut dire également qu’un bébé qui ne réagirait pas à l’environnement ne serait pas un enfant. Une personne plongée dans le coma, incapable donc d’interagir avec son environnement ne serait-elle plus une personne ? Dans la société moderne, le statut de personne humaine tient à peu de choses… L’affaire en tout cas pourrait faire jurisprudence mais ne constitue pas une réelle avancée en faveur du respect de la vie dans la mesure où le jugement rendu par le tribunal de Tarbes repose sur des principes pernicieux en faisant dépendre de la perception de quelques-uns l’existence comme personne humaine de quelques autres.