Les terribles attentats de la soirée de vendredi, à Paris, portent évidemment la marque des affidés de l’Etat islamique. Qu’ils soient passés par la Syrie ou non ne change rien : leur modèle est bien Daech et ses appels au terrorisme international.
Des djihadistes français renvoyés en France…
Depuis déjà quelques mois, les djihadistes français arrivés en Syrie n’étaient plus intégrés dans les groupes combattants de l’organisation, car trop instables, trop peu préparés et peu aguerris. Daech a donc été conduit progressivement à les renvoyer en France, à condition d’y constituer des cellules terroristes. Beaucoup de ces individus ont eux-mêmes été déçus par leur expérience syrienne, découvrant la cruelle réalité de la guerre, les privations, une hiérarchie autoritaire et un islam rigoriste qu’ils méconnaissaient. Mais avec Daech on ne repart pas en terre de mécréance ; ceux qui veulent s’enfuir sont exécutés. Pourtant, concernant les Français, l’organisation a accepté de les laisser repartir contre la promesse d’attentats.
Les services de renseignement avaient alerté les autorités
Nos services de sécurité avaient alerté les autorités sur cette évolution inquiétante. Mais les décisions à prendre étaient trop lourdes pour une classe politique paralysée : arrestations préventives, interrogatoires systématiques des suspects (« fiche S »), contrôles aux frontières, envoi de troupes au sol en Syrie et/ou Irak, aggravation des peines pour terrorisme…
Il faut adapter notre Droit à la situation de guerre ouverte
On a beaucoup parlé d’un manque de moyens attribués aux services de renseignement. Le vrai problème n’est pas financier mais procédural et juridique : les services ne peuvent enquêter et interroger comme ils veulent. Il faut donc changer notre droit pour l’adapter à la situation actuelle, qui est celle d’une guerre ouverte.
Olivier Hanne est Chercheur-associé à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste de l’islam.