Dans ces jours qui suivant la Résurrection, il est bon de continuer à méditer sur l’amour et le pardon offert par Jésus sur la croix, en relisant l’homélie de la messe des Rameaux du pape François.
Dans la ligne du psaume 117, la Croix a toujours été une pierre d’achoppement sur laquelle ont buté la plupart des Juifs et butent aujourd’hui encore beaucoup de nos contemporains qui ne comprennent pas qu’elle est en réalité le triomphe du Christ sur la mort, le péché et le monde au sens johannique du terme. Comme le disait dom Delatte, la Croix est le « char de triomphe du Christ ». Pour la plupart des contemporains de Jésus, (il suffit de penser à Saint Paul avant sa conversion sur le chemin de Damas), la Croix était même la preuve péremptoire que Jésus était un blasphémateur. Tous ceux qui étaient présents au pied de la Croix, sauf Marie, saint Jean, sainte Marie-Madeleine et les saintes Femmes, ne cessaient de crier : « Qu’il se sauve, qu’ils descendent de la Croix et nous croirons en lui ». Jésus ne suit pas cette logique égoïste. Sur la Croix, comme durant toute sa vie, il pensait d’abord aux autres. Sur la Croix, la mentalité du moi s’oppose directement à la mentalité de Dieu. Le « Sauve toi toi-même » s’oppose directement à l’acte d’offrande d’obéissance et d’amour par lequel le Seigneur donne sa vie pour racheter l’humanité blessée en profondeur par le péché.
Les paroles prononcées du haut de la Croix attestent de cet amour miséricordieux de Jésus et donc du Père. Le Pape retient surtout celle du pardon : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. » On remarquera que Jésus, en prononçant ces paroles, a d’abord pensé aux autres avant de penser à lui-même : les paroles du pardon, celles à sa mère et au Bon Larron. De plus, non seulement Jésus pardonne, mais encore il n’adresse aucun reproche à ceux qui le calomnient. Et pourtant la crucifixion fut pour Jésus un moment terrible, non seulement parce qu’en soi le supplice était inhumain au possible, mais encore parce que dans sa nature humaine, Jésus fit l’expérience difficile de l’amour des ennemis. Et nous, suivons-nous l’exemple de Jésus ? Savons nous nous taire même devant des calomnies ou des procès injustes et honteux ? Savons-nous oublier les offenses faites par le prochain, même si de soi le pardon n’implique pas l’oubli qui dans bien des cas est impossible. Jésus lui-même a pardonné, mais pas oublié. Chez lui pourtant tout était pur et il n’y avait aucun retour sur soi, tandis que nous regardons sans cesse nos blessures avec un moi hyper sensibilisé. Jésus nous apprend dans sa Passion à briser le cercle vicieux du mal, à réagir face aux épines de scandales ou aux clous divers, non seulement sans haine ni rancune, mais encore avec la caresse du pardon. Nous devons sans cesse nous poser cette question en regardant le crucifix : est-ce que je suis Jésus ou bien mon propre intérêt rancunier ? Pour répondre à cette question il faut en poser une seconde : comment est-ce que je réagis en face de ceux qui m’ont fait du mal ? Jésus nous demande de l’imiter et de porter avec Lui notre croix, non pas selon notre propre instinct animal, ni en suivant la façon d’agir du plus grand nombre avec le souci du qu’en-dira-t-on, mais comme il l’a fait pour nous sur la Croix et comme il le fait encore pour chacun de nous dans le sacrement de la réconciliation. Le pardon que nous demande Jésus doit être compris non seulement avec notre intelligence, mais surtout avec notre cœur. Jésus est notre avocat. Il ne va jamais contre nous, mais toujours pour nous contre le péché. Nous devons en faire autant avec notre prochain. Pardonner comme Jésus, voilà ce qui transformera le monde. Par le pardon de Dieu, nous revenons à la vie. Cela ne pourra se faire qu’avec l’aide maternelle de Marie.