L’Immaculée Conception (2/3) : Des scolastiques à Pie IX, une foi antique

Publié le 14 Jan 2025
Immaculée Conception

À Catherine Labouré, en 1830, Marie demande qu’on l’invoque comme « conçue sans péché ». © Thomon, CC BY-SA 4.0

> Dossier : « L’Immaculée Conception ou la rédemption préventive »
Croyance et piété populaires, culte, réflexions théologiques, liturgie orientale, proclamations des papes et encouragements des conciles : le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé tardivement, imprégnait depuis toujours l’Église et les fidèles, avant que la Vierge elle-même ne confirme à Lourdes cette vérité de foi.

  La croyance populaire et le développement théologique autour de la question de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie ont parcouru les siècles avant d’aboutir à la proclamation dogmatique de 1854. L’établissement progressif de cette vérité de la foi catholique illustre le dynamisme multiséculaire de l’Église, tant sur le plan spirituel qu’intellectuel, ainsi que la solidité et la pertinence du sensus fidei, selon lequel « l’ensemble des fidèles ne peut se tromper dans la foi et manifeste cette qualité par le moyen du sens surnaturel de la foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, des évêques jusqu’au dernier des fidèles laïcs, il apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel » [1].

De sérieuses réflexions

Le XIIIe siècle, âge d’or de la philosophie et de la théologie médiévale dite « scolastique », fut marqué par une sérieuse réflexion sur ce point doctrinal essentiel : la Vierge Marie pouvait-elle être préservée, dès l’instant de sa conception, du péché originel ? Certains penseurs privilégiaient la sanctification plénière de Notre-Dame lors de sa naissance, d’autres au moment de l’Annonciation. Sans entrer dans les détails des réflexions théologiques [2], il convient de passer en revue certains auteurs de la période. Saint Thomas d’Aquin († 1274), qui partait du principe d’une distinction temporelle (deux moments distincts) entre la conception et l’infusion de l’âme, estimait que la sanctification de Marie ne s’est accomplie qu’au moment de l’animation. Selon lui, la Vierge a obtenu du Christ, par anticipation, la plénitude de grâce [3]. Elle a donc bénéficié de la Rédemption future, mais ce n’est qu’au moment de l’infusion de l’âme rationnelle qu’elle serait devenue gratia plena. Cette opinion a été réfutée par le bienheureux Jean Duns Scot († 1308), membre de l’école franciscaine, qui fut le premier à affirmer, avec une solidité doctrinale remarquable, la doctrine de l’Immaculée Conception. Marie a été choisie par Dieu, de toute éternité, pour engendrer le Verbe fait chair, en vue de la Rédemption de l’humanité.

Une rédemption complète

Le Christ est donc inséparable de Marie. Les actes de la Rédemption…

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Abbé Armand Dumesniel

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