Dans son dernier numéro (n°1441), L’Homme Nouveau publie un article de Denis Sureau proposant 4 grands critères d’interprétation du concile Vatican II. Extraits :
Primo
,
le concile n’est pas un bloc mais un ensemble de documents à l’autorité inégale. En convoquant le synode de 1985, Jean Paul II avait précisé : « Il faut donner une attention spéciale aux quatre constitutions majeures du Concile, clés d’interprétation des autres décrets et déclarations « . Il s’agit des deux constitutions dogmatiques (sur la Révélation et sur l’Eglise), de celle sur la liturgie, et celle, dite » pastorale « , sur » l’Eglise dans le monde de ce temps » (Gaudium et spes).
On notera que les critiques de Fraternité Saint-Pie X portent moins sur les constitutions que sur les déclarations (
Dignitatis humanae
sur la liberté religieuse,
Unitatis redintegratio
sur l’oecuménisme,
Nostra aetate
sur les religions non-chrétiennes). L’ordre des documents est déjà un indicateur éclairant.
Secundo
, à l’intérieur même de chacun des textes conciliaires, tout n’a pas la même valeur. En 1964 Paul VI avait précisé, en complément à
la constitution Lumen Gentium,
ces règles d’interprétation(…)
Un exemple parmi d’autres: l’affirmation de la sacramentalité de l’épiscopat revêt un caractère dogmatique évidemment absent des considérations sociologiques sur le développement des moyens de communication sociale.
Tertio
, Vatican II s’est voulu
pastoral
. Cette nouveauté dans l’histoire des conciles a donné lieu à une vaste littérature. Son but, exposé par Jean XXIII dans son discours d’ouverture du Concile, était non définir la doctrine – qualifiée de
» certaine et immuable » –
mais de l’approfondir et de la présenter
» de sorte qu’elle réponde aux exigences de notre temps «
. Un tel projet a eu pour conséquence de donner aux enseignements des pères conciliaires une dimension plus contingente, plus historique et donc plus relative que ceux des précédents conciles. De fait,
quarante quatre ans plus tard, on constate le vieillissement de certains textes conciliaires étroitement conditionnés par la lecture des signes des temps, pour reprendre l’expression qui faisait alors florès. Les temps ont changé, les analyses pastorales également. Les textes des conciles et des papes comportent » des éléments conjecturaux et contingents. Et ce n’est souvent qu’avec le recul du temps qu’il devient possible de faire le partage entre le nécessaire et le contingent » (instruction Donum veritatis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 1990).
(…)
Il serait donc absurde d’exiger aujourd’hui l’assentiment inconditionnel à la totalité du concile comme le préalable nécessaire d’une reconnaissance ecclésiale. (Notons d’ailleurs que ceux qui imposent une telle contrainte relativisent à la fois l’enseignement des conciles dogmatiques antérieurs et le magistère pontifical postérieur!) D’ailleurs Rome ne demande un tel assentiment ni aux traditionalistes, ni aux anglo-catholiques, ni aux chrétiens des églises schismatiques d’Orient demandant leur retour
» dans la pleine communion de l’Eglise «
.
Quarto, on ne peut isoler les textes conciliaires des interprétations magistérielles qui ont suivi. N’oublions pas qu’une grande partie du travail de Joseph Ratzinger comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi puis comme pape a consisté à rectifier des lectures erronées du Concile et à éclaircir des passages équivoques. La méthode suivie est exemplaire: il s’agit de relire Vatican II à la lumière de la grande Tradition chrétienne et non pas de le considérer comme un » super-dogme » à partir duquel il faudrait réinterpréter tout l’enseignement de l’Eglise. Ce travail a commencé avec une série de documents magistériels sous le pontificat de Jean Paul II. (…) Recevoir aujourd’hui Vatican II impose de tenir compte de ces développements. Il n’est pas certain que ceux qui invoquent le Concile comme le » Sésame ouvre toi » ouvrant les portes de l’Eglise soient prêts à le faire.
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