L’introït Oculi du troisième dimanche de Carême est emprunté au septième mode, mais il s’agit ici d’un septième mode recueilli qui n’a pas le flamboiement des grandes pièces. Même quand il s’élève mélodiquement, il garde une certaine réserve et douceur. L’enseignement spirituel de cet introït est très riche pourtant : il nous parle de la prière assidue qui est élévation de l’âme vers Dieu (« mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur ») ; il nous décrit la confiance que suscite la considération de l’œuvre de Salut accomplie par le Christ (« car c’est Lui qui dégagera mes pieds du filet ») ; il évoque l’attitude fondamentale du chrétien vis-à-vis de ce Salut : l’humilité et la petitesse qui oblige Dieu à déployer sa puissance d’amour (« Regardez-moi, Seigneur, prenez pitié de moi, car je suis pauvre et isolé »). Quand le regard de Dieu et le nôtre se croisent, il y a la vie, il y a l’amour, il y a la joie. Notre chant d’entrée est tout imprégné de cette relation d’amour fondée sur un échange assidu de regards.
Tourné vers les hauteurs
D’emblée, l’élévation de l’âme que représente le regard tourné vers les hauteurs, pour exprimer l’acte de la prière, est très bien traduite, avec une grande simplicité (*). Le passage syllabique qui suit immédiatement la quinte initiale, exprime le fait que l’âme, une fois hissée jusqu’au monde de Dieu, s’y établit avec aisance et complaisance. Le mot semper marque de son côté l’assiduité et la chaleur de la relation, que traduisent les épisèmes qui affectent les deux syllabes du mot (*). La mélodie se déploie tout au long de cet introït avec une grâce vraiment particulière et fait de lui un authentique petit chef-d’œuvre, discret mais très profond.
Pour écouter cet introit :