Non contents d’être rentrés à Qaraqosh, après avoir massacré les populations chrétiennes, les miliciens de l’Etat islamique d’Irak ont accru leur pression sur les champs de pétrole du Kurdistan. Ils pourraient toutefois se heurter, au sud du gisement de Kirkouk, aux populations Yézidi, qui viennent de recevoir l’appui des Etats-Unis.
L’odeur du pétrole
Après de nombreux massacres de populations chrétiennes, les miliciens de l’EIIL ont pris le contrôle de Quaraqosh, capitale chrétienne de l’Irak, située dans la plaine de Ninive. La prise de Quaraqosh s’explique en raison des erreurs stratégiques des Kurdes, qui assuraient la défense de la ville. La violence inouïe des miliciens de l’EIIL entraîne actuellement l’émigration massive de 100 000 chrétiens. En proie à un génocide, ceux-ci se dirigent à pied vers les villes du Kurdistan, notamment Erbil. La région du Kurdistan a des difficultés à faire face à cette situation humanitaire catastrophique. Il lui est également difficile d’assurer son autodéfense. Or l’EIIL accroit aujourd’hui sa pression sur le Kurdistan en raison de ses richesses pétrolières. L’organisation terroriste revend d’ores et déjà du pétrole kurde à la Turquie mais entend conquérir d’autres installations, actuellement protégées par les peshmergas. La région d’Erbil, disputée entre les Kurdes et l’EIIL suscite un intérêt particulier.
Un foyer Yézidi
La superposition de la carte des gisements pétroliers du nord de l’Irak et de celle des minorités montre très clairement que le foyer Yézidi situé au sud de Kirkouk, se présente comme un territoire tampon pouvant protéger les gisements pétroliers du nord contre les appétits de l’EIIL. Cette population de culture et de langue iranienne, qui pratique une religion issue du zoroastrisme, vient de recevoir l’aide logistique et militaire des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Pendant la Première Guerre mondiale, les Yézidis avaient déjà fait la preuve de leurs qualités guerrières en protégeant les Chrétiens persécutés par les Turcs dans les montagnes.
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* Thomas Flichy de La Neuville est professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux, à l’Ecole Navale puis à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il est spécialiste de la diplomatie au XVIIIe siècle et auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique. Prochain livre à paraître, en collaboration avec Olivier Hanne : La dette ou le crépuscule des peuples, Editions de l’Aube, septembre 2014.