Jamais plus la guerre ?

Publié le 25 Déc 2023
guerre paix henri hude
La crainte fondée de la guerre totale, conséquence du progrès technique, tend à faire considérer que toute guerre serait illégitime, engendrant des souffrances toujours disproportionnées. Cependant un récent ouvrage d’Henri Hude rappelle que la guerre reste parfois inévitable et que le remède qu’une certaine élite ultrapuissante tente insidieusement de mettre en œuvre serait pire que le mal, annihilant toute liberté et tout ordre naturel.

  La guerre est toujours un mal à éviter car elle engendre morts, destructions, blessures, deuils, souffrance, etc. Mais la sagesse des nations a toujours considéré que la guerre n’est pas toujours évitable. C’est cette distance intellectuellement inconfortable et humainement tragique que nous avons à méditer. Clausewitz définit la guerre comme « un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté » (1). Approche intéressante car la formule « notre volonté » souligne que la guerre étant une réalité humaine, elle doit être abordée à partir du sujet agissant. D’où la question centrale : qu’est-ce qui mesure cette volonté que l’on cherche à imposer à l’adversaire ?   

La guerre juste

La doctrine traditionnelle de la guerre juste, élaborée par saint Ambroise et saint Augustin a été synthétisée par saint Thomas d’Aquin (2) au XIIIe siècle. Il rappelle que les trois conditions pour que faire la guerre ne soit pas un péché sont :

  1. qu’elle soit décidée par l’autorité légitime ;
  2. que la cause soit juste, c’est-à-dire pour punir une injustice ;
  3. que l’intention soit droite, c’est-à-dire que l’on se propose « de promouvoir le bien ou d’éviter le mal ».

Où l’on voit que la guerre est intrinsèquement liée à la politique. Clausewitz qualifie effectivement la guerre comme un « instrument politique, la réalisation des rapports politiques par d’autres moyens » (3). Si l’intention hostile relève de la politique dont la finalité objective est le bien commun et la paix, la guerre est ultimement finalisée par la paix. Mais tout ceci peut-il être encore soutenu aujourd’hui ?  Le pape François affirme en effet dans son encyclique Fratelli Tutti (2020) :

« Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible “guerre juste”. Jamais plus la guerre ! » (4)

 

Le péché originel, cause…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Thibaud Collin

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseLettre Reconstruire

Les papes et le principe de subsidiarité (V)

« Question de Principe » | Comment évoquer le principe de subsidiarité dans l’enseignement pontifical sans parler du magistère de Jean-Paul II sur la question ? Auteur de trois encycliques sociales, il est aussi à l’origine du Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Paru dans la Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024).

+

principe de subsidiarité
A la uneSociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
A la uneChroniques

Ni abstrait ni différencié, l’homme enraciné

L'Essentiel de Joël Hautebert | Dans le grand déséquilibre contemporain, deux écueils menacent la juste conception des êtres humains, considérés d’un côté comme des pions interchangeables et de l’autre comme n’ayant en commun que leur « zoologie ». Seule la conception chrétienne tient finalement les deux bouts de la chaîne. Une leçon plus que jamais d’actualité, à l’heure où la Nouvelle Droite pourrait faire figure de remède au mondialisme.

+

homme enraciné
A la uneÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Subsidiarité et bien commun

Édito de la Lettre Reconstruire n°35 | Ce nouveau numéro de Reconstruire continue, à travers la rubrique « Questions de principe », à aborder l’enseignement pontifical à propos de la subsidiarité. Formulé scientifiquement par Pie XI, mais déjà présent chez Léon XIII, le principe de subsidiarité n’a cessé de prendre une place grandissante dans le corpus social catholique. Au point, comme nous le soulignons dans ce même numéro, d’être introduit indirectement dans le nouveau Code de droit canonique (1983) et donc dans la vie de l’Église elle-même.

+

subsidiarité bien commun