Jean Breton n’en pense pas moins | Antigone a bon dos

Publié le 20 Sep 2021
Jean Breton n'en pense pas moins | Antigone a bon dos L'Homme Nouveau

La gent catholique connaît l’illégalité. Sans remonter à Néron, au début du XX ème siècle nos aïeux engagés tenaient les parvis, luttaient contre les inventaires, et n’hésitaient pas à considérer comme rien moins qu’illégitimes les ordres qui venaient du pouvoir jacobin. Soufflait un vent de fronde, plein d’une juste colère, certes, mais probablement alimenté aussi par un esprit de rébellion presque potache. La guerre des boutons, format sabre contre goupillon.

Leurs descendants ont eu leur souvenir en tête quand le premier confinement a vu l’interdiction du culte public, et quand la République ne tolérait la messe qu’audiovisuelle. Les quelques célébrations clandestines étaient emplies d’un esprit de résistance, qui écartait parfois les fidèles des objectifs premiers de leur présence illicite. L’excitation du maquis s’était invitée dans les buts du Saint-Sacrifice.

Ainsi, il n’y a pas de problème théorique à l’idée de reconnaître que quelque chose ou Quelqu’Un transcende l’État. Et que ce n’est que par un « contrat social » que nous adhérons à quelques-unes de ses règles, que nous en acceptons la plupart. Ceci nous permet de ne pas avoir de réel dilemme moral à braver un couvre-feu, à accepter le risque d’une amende, pour certains cas où nous le jugeons légitime.

Néanmoins 1901 avait du bon. L’hostilité du pouvoir était moins sournoise, plus ouverte. Ça clarifiait aussi les oppositions, on délimitait le champ de bataille, pour préserver la société : la pratique du culte et l’enseignement, le reste tenant encore à peu près bon.

Aujourd’hui les attaques sont moins frontales. Plus disséminées, on a l’impression qu’elles recouvrent une bonne partie du spectre de la vie sociale et privée. Inutile d’en refaire la litanie. Une chose est néanmoins sûre, les Français ne sont pas tous d’affreux anticléricaux souhaitant notre disparition ; toutes les lois ne sont pas faites pour nous pousser au choix entre le péché et le martyre. Si par exemple les évêques avaient été sommés d’exiger le passe sanitaire à l’entrée des églises, cela n’aurait pas pour autant délivré le sacristain de son devoir de respecter le code de la route.

Alors oui, Antigone, Créon, tout ça. Oui, on ne rend à César que ce qui est à César. Mais « frauder » les gestes barrières en allant communier, ou prier pour entraver l’avortement, je vois mal comment ça légitime de mentir à un patron de bistrot pour qu’il scanne le code de notre grand-père. Le choix – incroyable pour nos contemporains – de considérer légitime l’illégal n’est qu’exceptionnel. Ou alors proposez-nous un système complet totalement nouveau, et bonne révolution à vous !

Ce contenu pourrait vous intéresser

ChroniquesLectures

Autobiographie du pape François : une attente déçue

L'Essentiel de Thibaud Collin | Publiée dans plus de cent pays, l’autobiographie du pontife se révèle assez décevante, malgré son titre, Espère, quand à sa vie même. On y retrouve cependant ses thèmes de prédilection, ses contradictions ainsi que ses jugements peu nuancés sur certains sujets, en particulier celui de la liturgie traditionnelle.

+

pape neuvaine autobiographie
ChroniquesAnnée du Christ-RoiDoctrine sociale

Abbé Barthe : Comment s’est évanoui l’enseignement sur la royauté sociale du Christ 

Enquête Quas Primas | Dans le cadre de l'année du Christ-Roi, nous continuons notre enquête. L'enseignement sur la royauté sociale du Christ, qui consistait à armer les catholiques contre la laïcité, à rappeler que les gouvernants légitimes sont des représentants du Christ-Roi et qu'ils lui doivent un culte public, était trop antimoderne pour être pleinement reçu en son temps en France.

+

royauté sociale du christ
Chroniques

Carte blanche : La tour de Babel

Aujourd’hui, certains s’insurgent contre le mélange des langues parlées et la domination de l’anglais dans les échanges internationaux. C’est vrai, le franglais existe et ce n’est pas une consolation de savoir que ce phénomène prend déjà sa source dans l’histoire lointaine. L'épisode de la tour de Babel nous rappelle que Dieu avait créé l’unité que l’homme brisa par le péché.

+

tour de Babel
ChroniquesLectures

Les prêtres réfractaires

Carte blanche d'Yves Chiron | Xavier Maréchaux est un disciple de l’historien Michel Vovelle qui a scruté l’histoire de la Révolution sous un angle sociologique et à travers l’histoire des mentalités. Son livre sur les prêtres réfractaires embrasse en fait l’histoire de l’Église entre 1789 et 1815. Il tend à montrer que la Révolution fut, pour l’Église, une occasion manquée pour se « moderniser » ; occasion manquée à cause des excès des révolutionnaires et de la rigidité des prêtres réfractaires…

+

prêtres réfractaires
ChroniquesAnnée du Christ-Roi

Mgr Schneider : Sur le règne éternel, universel et social du Christ

Enquête Quas Primas | Dans le cadre de notre enquête sur le Christ-Roi, Mgr Athanasius Schneider nous a fait l’honneur de répondre. Il rappelle que, attestée par le Christ lui-même au prétoire, devant Pilate, sa royauté, enseignée par le catéchisme, confirmée par les papes, a encore été témoignée dans le sang par des martyrs, en particulier par les Cristeros du Mexique et les religieux victimes de la guerre civile espagnole.

+

christ roi Schneider