Français, je suis content de vous. Vous avez, en cette épidémie, justifié tout ce que j’attendais de votre résignation ; vous avez orné vos pyjamas de détenus d’une immortelle honte. Un gouvernement de quelques énarques, dirigé en sous-main par les plus riches milliardaires, vous a, en moins de dix mois, confiné chez vous à deux reprises. Le peu qui s’en est échappé s’est noyé dans un magma judiciaire.
Trente messes annulées, des milliers de restaurants fermés, des centaines de vieillards morts de solitude, le rire porté sur la réputation des Lumières de notre pays, sont les résultats de cette année à jamais célèbre. Cette oligarchie, tant décriée, en nombre ridicule, n’a pas trouvé de résistance à combattre, et n’a désormais plus de rival à redouter. Ainsi, en un an, votre fierté nationale a été vaincue et dissoute ; votre soumission m’est désormais acquise, mais, par sécurité, orgueil et sadisme, je vous écraserai jusqu’à avoir des garanties pérennes de tranquillité et augmenter les récompenses à mes alliés.
Français, lorsque vous avez placé sur ma tête la couronne présidentielle, je me riais de vous, jurant de vous maintenir pour toujours dans cette hébétude en vue d’augmenter ma gloire, qui seule avait du prix à mes yeux. Et dans le même moment, mes alliés pensaient à vous comme terrain d’expérience de leurs avilissant desseins. Cette couronne de pouvoir, fruit des luttes de vos aïeux, vous avez cru la placer sur un médiocre entre-deux choisi par esprit de concorde ; vous la placiez sur la Finance, l’Orgueil et le Pouvoir. Expression populaire naïve que, au cinquantenaire même de la mort de votre plus grand héros, j’ai anéanti et confondu ! Je vous ai appris qu’il est plus facile de vous manipuler que de vous commander.
Français, lorsque tout ce qui est favorable à la fierté et à la prospérité de votre Patrie sera épuisé, je vous laisserai paître ; vous serez à jamais objet des quolibets de votre progéniture. L’Histoire rira de vous, et il vous suffira de dire « Je suis resté confiné en deux mil vingt » pour que l’on vous réponde : « Voilà un lâche ».