Jean Breton n’en pense pas moins | Politique : spectacle ou philosophie ?

Publié le 25 Jan 2021
Jean Breton n'en pense pas moins | Politique : spectacle ou philosophie ? L'Homme Nouveau

Qu’il est doux pour un Français prétentieux de se moquer de la lourdeur de la politique américaine ! Des slogans pour illettrés, des messages simplistes à l’extrême, des exagérations permanentes et quelques reductio ab Stalinium, quelle misère comparée à chez nous. En France, chaque discours est contextualisé par l’évocation (longue) du logos dans lequel il s’inscrit. Systématiquement, cela commence par ces grandes phrases, rappel de la pensée intime de l’orateur – celle de son parti ou de sa loge en général – puis le magique « […] c’est pourquoi […] » … et le début du concret.

Quand on entend des dissertations intarissables sur « penser la France », « réinventer l’espoir » et « croire en l’universalisme », indépendamment du bord politique, on se demande le rapport avec l’augmentation du prix des timbres, le retrait des troupes au Sahel ou les frontières de la nouvelle région Provence-Aquitaine-Hauts-De-France, annoncés sans transition aucune. Grande est la chute de hauteur de vue quand un président discourt sur la portée historique des Lumières puis explique comment se laver les mains.

La philosophie, c’est le temps long. Un discours par quinquennat devrait être suffisant, pour expliquer le chemin qui sera emprunté durant le mandat. Même une épidémie ne justifie pas un changement de paradigme dans « le modèle républicain ». Et de l’autre côté, la multiplicité des dossiers et la hauteur de vue qu’ils requièrent rendent probablement un ministre d’état inapproprié à définir le nombre de chaises vides entre deux fidèles sur un même banc d’église.

Se posent ainsi trois problèmes de forme, qui ont des origines profondes : le nombre des discours prétendant être de philosophie politique traduit leur manque d’enracinement et la vacuité des définitions « autorisées » de certains termes. L’évocation répétitive des valeurs de la démocratie semble incantatoire, à se demander s’ils ne cachent pas leur dieu dans le buste de Marianne.

La trivialité des déclinaisons concrètes des mesures prises – les « annonces » ! déjà fuitées dans la presse depuis deux jours par ailleurs – s’inscrit dans la pure tradition jacobine de centralisation prétendant imposer l’Égalité. Plus de confiance aux maires, puisque certains font l’affront d’avoir été élus par des gens qui les connaissaient. Ou sont-ce les origines campagnardes qui déplaisent aux ors élyséennes ?

Quant au mélange dans le même temps des évocations les plus élevées et des décrets trop étriqués, c’est plus grave : soit le cahier des charges minimum d’une plume régalienne prévoit l’introduction obligatoires de certains mots-clés de haute volée – comme dans un chant de promotion de Saint-Cyr –  soit c’est une tentative d’endormissement béat de l’auditeur, qui finira par admettre que c’est au nom de la Démocratie qu’il faut fermer les écoles hors-contrat, et que c’est « faire la France » que d’autoriser le ski de fond mais non le ski alpin.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneChroniques

La France charnelle et catholique

L’Essentiel de Joël Hautebert | Un mouvement de redécouverte des traditions irrigue aujourd'hui la France. Ces initiatives contribuent à retisser du lien social et à transmettre un patrimoine enraciné. Encore faut-il discerner ce qui relève d'un authentique héritage français et chrétien, et ce qui risque de s'égarer dans des mythologies ou dérives identitaires.

+

France tradition
Chroniques

Supprimer les jours fériés, supprimer la fête

C’est logique ! de François-Marie Portes | En voulant sacrifier deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 Mai, sur l’autel des impératifs budgétaires, le Premier ministre ne s’attaque pas seulement à deux jours chômés. Il s’en prend au cœur même de leur signification : des fêtes, religieuses ou historiques, qui appellent au repos parce qu’elles sont d’abord des moments de mémoire et de joie partagée. Oublier cet ordre, c’est courir le risque d’effacer peu à peu ce que notre société avait choisi de célébrer.

+

fériés fêtes
ChroniquesSpiritualité

Le mariage : « Bâtir le cérémonial de l’amour »

Pendant tout l’été, des mariages ont été célébrés, donnant l’occasion à des réjouissances et à des retrouvailles familiales. Avec l’autorisation de son auteur, nous reproduisons ici l’allocution donnée par le Père Augustin-Marie Aubry, prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, lors de l’un de ces mariages estivaux.

+

mariage amour
ChroniquesLéon XIV

Les 100 premiers jours de Léon XIV

Élu 267e pape le 8 mai 2025, Léon XIV a fêté ses 100 jours le 17 août. Bien que le Pape n’ait encore effectué aucun pas ni aucune mesure majeure de son pontificat, le professeur Roberto de Mattei propose une analyse de ces premiers mois. Cet article a été publié sur Corrispondenza Romana et reproduit ici avec l’autorisation de son auteur.

+

Pape Léon XIV Roberto de Mattei
Chroniques

Concours Jeunes Talents 2025 : Le Reliquaire bleu

CONCOURS JEUNES TALENTS 2025 | Lauréat | Comme chaque année depuis 8 ans, L’Homme Nouveau a lancé son concours d’écriture Jeunes Talents 2025 entre avril et juin. Cette année, le thème était : « À la manière de G.K. Chesterton… Une nouvelle énigme pour le Père Brown » Découvrez en entier le texte du lauréat. Ce texte est aussi publié dans le numéro d’été (n° 1836), daté du 19 juillet 2025.

+

jeunes talents
ChroniquesAnnée du Christ-Roi

Dom Pateau : Pas de paix véritable sans le règne du Christ

Enquête Quas Primas 7 | Une fausse idée de liberté développée à partir du XIXe siècle a mené à oublier la royauté sociale du Christ pourtant bien demandée par Pie XI. Toute autorité étant réputée venir du peuple et non plus de Dieu, une conduite chrétienne conforme aux commandements divins devient plus ardue. Seule l’instauration du règne du Christ permettra de retrouver une vraie justice.

+

règne du christ-roi paix