Jean Breton n’en pense pas moins | « Travaillez, prenez de la peine ! »

Publié le 03 Sep 2020
Jean Breton n'en pense pas moins | "Travaillez, prenez de la peine !" L'Homme Nouveau

La fin du mois d’août, début septembre. Même pour les juilletistes, même pour ceux qui n’ont pas eu de vacances, et probablement même pour les moines trappistes (à vérifier), ça sent la rentrée. De longues années de scolarité nous ont un peu conditionné, quand sonne la fin de l’été, à racheter un ou deux stylos, à vérifier son cartable, et à se tourner vers les douze mois à venir plutôt que vers les précédents. 

Cette année encore plus, bien entendu. On préfère se tourner vers l’automne, plus exactement abandonner la collection « printemps-été 2020 Â», sans trop de regret. On souhaite que tout le monde cesse de divaguer, de faire n’importe quoi dans les folies de l’été qui ont succédé aux aberrations de ce printemps. Que l’on retrouve un peu d’ordre, un emploi du temps stable, ou au moins un peu normal. Qu’on se remette enfin au travail quoi !

Mais au vrai travail : pas dans un but de profit. Le capitalisme, depuis le temps qu’on se noie de bonheur à l’essayer, n’est décidément pas la meilleure marche de l’homme vers Dieu, ou juste la joie. Nous avons vu ses limites, nous avons même vécu une période où tout l’argent amassé ne servait à rien puisqu’on ne pouvait rien acheter, tandis que nos bas de laine, placés en Bourse, (c’est-à-dire dans un sac opaque, accroché à la ceinture et se balançant au rythme des pas d’un monde à la démarche aléatoire), disparaissaient dans l’inutile.

Pas non plus le travail stakhanoviste. On n’a plus envie de se tuer à la tâche pour un « autrui Â» bien trop nombreux, pour une collectivité qui n’a rien d’un bien commun. Stakhanov, c’est briller par son assiduité sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons…la joie des maîtres de ce monde. La collectivité, ça marche en monastère, avec des gens de bonne volonté, qui adhèrent à une règle parce qu’ils croient sincèrement à la sanction qui accompagne inéluctablement leurs actes.

Non, qu’à cette rentrée on se remette au travail à la bénédictine. Façon Genèse et vie cachée du Seigneur. Un travail pour gagner son pain à soi, pour sa famille à soi, pour donner l’excédent à son pauvre voisin, et préparer l’héritage du fils prodigue. Un peu égoïste ? bonne question. Le vrai égoïste n’est-il pas celui qui soigne sa bonne conscience humanitaire en négligeant sa famille et son prochain ?

Du travail pour ordonner sa vie, pour fuir l’oisiveté. Du travail pour avoir quelque chose à donner à saint Joseph. Pour pouvoir dire « Voici, Seigneur, l’œuvre de mes mains Â». Pour faire fructifier ses talents. Mais sans excès. En sachant s’arrêter à temps pour accomplir son devoir d’état à la maison, en sachant « fainéanter Â» le week-end pour emmener l’aîné aux boy-scouts et tondre la pelouse, et puisque le foyer est une église domestique, Ora et Labora, ça peut se passer derrière la centrale vapeur !

Du travail utile enfin ! ça pourrait être le principal enseignement de la quarantaine ; lorsqu’on s’enfonce dans les méandres du travail tertiaire, des conseillers en gestion, des audits sur ces conseils, des inspections de ces audits, et des commissions pour chapeauter le tout…il est bon qu’il reste du monde à planter des patates et réparer les toitures. Donnons du sens à notre travail, qu’il soit plus qu’un emploi, qui réduit l’homme à un instrument. L’artisan à le choix entre tailler une pierre, construire une cathédrale ou travailler à la Gloire de Dieu. Que choisissez-vous ?

Jean Breton est le pseudonyme que prend, dans L’Enlèvement de Volkoff, « 2K Â», agent chargé par la France d’enlever le dictateur du Monterrosso dans des Balkans pas si imaginaires que ça. Sa couverture de journaliste sportif lui permet de prendre de la hauteur sur les évènements qu’il observe ; les connaissances de son métier lui permettent de voir la duplicité des médias en charge de « couvrir Â» la guerre ethnique et religieuse ; son expérience du terrain lui conserve un pragmatisme proche du bon sens paysan. Sa devise : Duc in Altum !

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