Jean Breton n’en pense pas moins | Veni, veni Emmanuel !

Publié le 10 Déc 2020
Jean Breton n'en pense pas moins | Veni, veni Emmanuel ! L'Homme Nouveau

Veni, veni Emmanuel… Magnifique antienne de l’Avent, qui irait jusqu’à nous réconcilier avec la polyphonisation du grégorien. Mais chanter un tel hymne en ces temps politisés à outrance, c’est montrer sans conteste que les catholiques ne croient pas à l’onomastique prédictive. Il n’y a a priori aucun rapport entre notre président de la République et le Messie. Le premier nous prive de droits fondamentaux, prend ce qui est à César et ce qui est à Dieu ; l’Autre meurt pour nous assurer la vraie liberté. L’Un laisse venir à lui les petits enfants, l’autre les arrache de force à leurs parents pour les endoctriner. Le Chemin, la Vérité et la Vie ; la propagande et les contrôles policiers. Veni, veni, Emmanuel

Et pourtant, comme tous les ans, nous nous mettons en marche. Aux buts près – une broutille donc – nous ressemblons assez aux marcheurs de la République. Nous voulons bousculer le jeu en place, être le sel de ce Monde, avancer ensemble en rassemblant le maximum de brebis égarées, suivant un guide à la fois volontaire et doux, qui a pris notre condition humaine. Nous voulons la Paix pour les hommes de bonne volonté, et un Roi qu’on appelle « Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père des siècles et prince de la Paix ». Veni, veni, Emmanuel.

Mais préparer les chemins du Seigneur, est-ce vraiment renoncer à ce pourquoi Il est mort ? Quand Emmanuel nous demande de sacrifier notre liberté – et tue notre libre-arbitre sans nous le demander – un autre Emmanuel nous invite à la conversion volontaire. Se tourner vers le Ciel, c’est renoncer au monde, à ses pompes et à ses œuvres. C’est assumer les conséquences d’un Non Possumus, d’être traités d’égoïstes par les lecteurs du Figaro quand on exige la messe. C’est se mettre librement au service de son prochain plutôt que se voir contraint de donner au monde entier ce qu’on ne peut plus lui offrir, et dont d’ailleurs il ne veut pas. C’est Tarcisius et le Poverello, face à Créon et Soros. Veni, veni, Emmanuel.

Il y a l’Emmanuel qui nous met en marche vers le Ciel, et l’Emmanuel en marche tout court, c’est-à-dire en fuite. Le Dieu qui S’est voulu Homme, pour nous pousser vers Dieu, et l’homme qui se veut dieu pour nous pousser en avant, dans la direction la plus facile, probablement vers le bas. Celui qui nous invite à L’aimer de plein gré, et celui qui s’aime bien assez pour n’avoir besoin que de notre renoncement stérile. Dominique Savio et Dorian Gray. Veni, veni, Emmanuel.

Bonne marche vers Noël, plaçons notre espoir dans le seul Emmanuel qui vaille, Celui qui rend la vue aux aveugles et n’éborgne pas ceux qui ont faim et soif de justice.

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneChroniques

Ni abstrait ni différencié, l’homme enraciné

L'Essentiel de Joël Hautebert | Dans le grand déséquilibre contemporain, deux écueils menacent la juste conception des êtres humains, considérés d’un côté comme des pions interchangeables et de l’autre comme n’ayant en commun que leur « zoologie ». Seule la conception chrétienne tient finalement les deux bouts de la chaîne. Une leçon plus que jamais d’actualité, à l’heure où la Nouvelle Droite pourrait faire figure de remède au mondialisme.

+

homme enraciné
ChroniquesEgliseLiturgie

La Pause liturgique : Sanctus 5, Messe Magnæ Deus potentiæ (Mémoires des Saints)

Ce Sanctus du 4e mode a quelque chose de mystique et de majestueux, dans sa simplicité. Il alterne heureusement les formules neumatiques et les passages syllabiques, les progressions par degrés conjoints et les intervalles de tierce, de quarte ou même de quinte, les élans vers l’aigu et les détentes vers le grave. Ce Sanctus a la particularité de n’être représenté que par une seule source manuscrite, allemande, datée de la toute fin du XIIe siècle.

+

alleluia