Jean Madiran : lecteur critique de Gustave Thibon

Publié le 15 Mai 2024
gustave thibon jean madiran

Jean Madiran et Gustave Thibon.

Auteur d’une récente biographie de Jean Madiran, Yves Chiron livre dans ce dossier une étude inédite sur l’appréciation portée par le directeur de la revue Itinéraires (1956-1997) sur le philosophe Gustave Thibon. Un tel sujet suscite d’emblée un double étonnement. Y aurait-il en effet une raison particulière à connaître le jugement porté par Jean Madiran sur Gustave Thibon, alors que le premier publie pendant plusieurs années des articles du second ? Et quel est l’intérêt d’une telle étude aujourd’hui ? On peut en effet penser que, réunis dans les mêmes colonnes d’une revue intellectuelle qui, à plus d’un titre, fut également une revue de combat, les deux hommes partageaient, sinon la totalité, du moins l’essentiel d’une même vision des choses. L’étude effectuée par Yves Chiron, à partir des archives inédites de Jean Madiran, montre que la réalité, comme souvent, fut beaucoup plus complexe et nuancée, à la fois en ce qui concerne la collaboration de Thibon à Itinéraires et sur les points de rencontre ou de dissension entre les deux hommes. Au-delà même de son sujet, cette étude apporte également des précisions importantes sur l’histoire du catholicisme du XXe siècle qui ne sont pas sans résonance aujourd’hui. À ce titre, elle peut nourrir la réflexion et montrer à quel niveau d’exigence il faut parfois savoir s’élever. Un tel travail d’ordre historique permet de mieux saisir aussi les liens entre les intellectuels d’une même mouvance et, plus encore, de saisir les limites des uns et des autres.

  Gustave Thibon, qui avait connu Louis Salleron en 1946, le considérait comme un « frère » et considérait son épouse, Marie-Thérèse Salleron, « comme une sainte » (1). Il n’aurait certainement pas qualifié de la même manière Jean Madiran qu’il n’a quasiment jamais rencontré. Et Jean Madiran, même s’il considérait Gustave Thibon comme « un très grand esprit » et s’il a publié, entre 1956 et 1992, quelque 75 de ses articles dans Itinéraires, ne le considérait pas comme un ami et il a progressivement constaté « une distance intellectuelle croissante » avec lui.  

Des collaborateurs plus que des amis

Les lecteurs d’Itinéraires, en ses quarante et une années de parution (2), ont pu avoir l’illusion que les collaborateurs les plus réguliers de la revue formaient autour de Jean Madiran un groupe d’amis qui, outre leur accord intellectuel sur l’essentiel, avaient entre eux des relations régulières et amicales. En réalité,…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (3/5) : Un témoin de la foi pour le Liban et le monde

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Laïque consacrée engagée au Liban depuis plus de trente ans, où elle a fondé une radio d’évangélisation et développé une association humanitaire, Association Française de Solidarité Internationale, dédiée à la scolarisation des enfants chrétiens défavorisés, Marie-Sylvie Buisson témoigne de la puissance spirituelle et missionnaire de saint Charbel.

+

saint Charbel
À la uneÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (2/5) : Le moine d’Annaya, mémoire et espérance d’un peuple

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Figure spirituelle majeure du Liban contemporain, saint Charbel n’a cessé, depuis sa mort, de marquer l’histoire de son pays. De la vague de miracles de 1950 au renouveau du culte maronite, jusqu’au récent chemin de pèlerinage Darb Mar Charbel, le moine d’Annaya demeure un repère national et un lien puissant entre le Liban et sa diaspora.

+

Saint Charbel Liban
Église

Saint Charbel (1/5) : Un saint qui continue d’agir pour convertir les cœurs

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Chaque année, la nuit de Noël nous tourne vers Bethléem, mais c’est dans cette même nuit, le 24 décembre 1898, qu’un moine libanais a rendu son âme à Dieu : Charbel Makhlouf, ermite de la montagne d’Annaya. Patrizia Cattaneo revient sur la vie cachée du moine libanais, les phénomènes extraordinaires entourant son corps, ainsi que les miracles contemporains de Nohad El Chami et de Raymond Nader. Elle éclaire la portée spirituelle de ces signes et la manière dont l’Église maronite les accueille aujourd’hui.

+

Saint Charbel