Jerzy Popiełuszko (1/3) : Prêtre jusqu’à la croix

Publié le 27 Nov 2024

Le père Popiełuszko (au centre) aux chantiers navals de Gdańsk. © CC BY-SA 3.0, Andrzej Iwánski

> Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité »
Jerzy Popiełuszko (1947-1984) est resté dans les mémoires à l’Ouest comme victime et martyr des dernières heures du communisme en Pologne. Simple prêtre, et malgré une santé fragile, il montra dès sa jeunesse et son service militaire un esprit de résistance aux persécutions du régime. Refusant de céder aux intimidations et poursuites, il persévéra dans la foi et le service de ses ouailles et compatriotes ce qui lui vaudra la haine finalement mortelle des communistes.

  Personne ne l’a jamais republiée ; il est vrai que cette photographie était atroce, dénuée de tout romantisme, toute illusion héroïque, tout reflet de la gloire céleste où l’on espérait entré celui qu’elle montrait, portrait cru du visage massacré d’un jeune prêtre sur lequel des bourreaux s’étaient acharnés avant de le précipiter, en vie, dans l’eau glacée de la Vistule, la fin entre toutes qui, depuis des années, l’emplissait de terreur, vision sinistre d’un cadavre bouffi par dix jours dans le fleuve que ses proches, à la morgue, avaient refusé de reconnaître tant il était méconnaissable.

Le visage d’un martyr

Si l’intention du bulletin anticommuniste qui la publia à la Toussaint 1984 n’était pas dépourvue d’arrière-pensées politiques, ses rédacteurs avaient néanmoins donné à voir le vrai visage d’un martyr. Et ce n’était pas beau… Pourtant, nous fûmes nombreux à la découper, cette photo, et la glisser dans nos missels. Histoire de nous souvenir des raisons de nos engagements, et de ce qu’il pouvait en coûter. Quarante ans plus tard, constatant que nos cauchemars ne se sont pas réalisés, grâce à Dieu, nous pourrions ranger cette photo jaunie et ne plus y penser. Pourtant, sans le sacrifice de cet homme, qui sait ce qu’il serait advenu ? C’est pourquoi il est juste et bon de revenir sur la destinée de Jerzy Popiełuszko. C’était en 1980, au lendemain de l’invasion de l’Afghanistan, époque où les meilleurs spécialistes de l’URSS expliquaient que le système derrière le Rideau de fer finirait par tomber, mais pas avant un siècle, victime d’un réveil de l’islam dans les républiques d’Asie Centrale. Aucun n’envisageait qu’il succomberait, dans moins d’une…

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Anne Bernet

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