Lors de l’angélus du 21 août, le Pape commente une de ces paroles de l’Écriture qui paraissent parfois obscures…
Bien que les Évangiles soient des écrits inspirés ayant pour auteur l’Esprit Saint lui-même, l’auteur humain en est lui aussi véritablement un. Ces écrits contiennent des paroles dures et aussi des parole énigmatiques ou en tout cas difficiles à comprendre. Ainsi en va-t-il pour celle que commente le Pape. A la question de savoir s’il y avait peu ou beaucoup de sauvés, Jésus répond : « Luttez pour rentrer par la porte étroite ». Beaucoup de Pères en ont conclu au petit nombre d’élus, thèse pratiquement abandonnée de nos jours. Même si je penche pour le grand nombre d’élus, je remarque tout de même que l’on est passé à un excès inverse. Pour de nombreux chrétiens, puisque Dieu est miséricordieux, il n’y a pas d’enfer ou du moins, il n’y a personne dedans. Or ceci est une hérésie. L’enfer est une réalité de foi et il y a un grand nombre de damnés. La Vierge Marie a montré cette vérité aux enfants de Fatima qui en ont été tellement marqués, qu’ils voulaient à tout prix faire pénitence pour éviter que les pécheurs ne tombent en enfer. Ne tombons pas dans des statistiques erronées, n’interprétons pas la Bible selon la méthode numérique grâce à Internet. Nous devons garder ensemble les deux éléments de la foi chrétienne : la miséricorde infinie de Dieu, d’une part ; d’autre part le fait que l’enfer existe et qu’il y a des gens dedans. Nous devons nous méfier tout autant de la caricature de la justice qui châtie, assez répandue du moins en France au début du siècle précédent, et la caricature de la justice qui pardonne sans condition, majoritaire de nos jours. A tout prendre, je préférerai la première qui a le mérite d’être très pastorale car la crainte est le commencement de la sagesse et quand il n’y a pas d’amour, le meilleur moyen consiste à flanquer la frousse et alors tous les confessionnaux se remplissent. On a certainement eu tort, comme le soulignait Jean-Paul II dans Entrez dans l’Espérance, de dénigrer une telle pastorale qui d’ailleurs n’a été remplacée par rien. La caricature de la miséricorde qui pardonne est pire, en ce sens qu’elle aveugle et illusionne et le réveil lors du jugement particulier risque d’être très dur.
Gardons donc les deux éléments de notre foi sur ce point. Oui, la porte du Ciel est ouverte à tous, mais elle est étroite. Pour mieux comprendre cette double réalité, nous devons nous demander ce qu’est cette porte. Dans l’Évangile selon saint Jean, Jésus affirme en même temps qu’il est le Bon Pasteur et qu’il est la porte du bercail. C’est une image familière et parlante. Les voleurs ne passent pas par la porte, mais ils la transgressent. Or, la porte est le moyen obligatoire de l’entrée, y compris celle du Ciel. Puisque Jésus est l’unique porte, nous devons affirmer qu’il n’existe pas d’autre moyen de salut au monde que lui. Saint Pierre l’affirmera clairement devant le Sanhédrin. On ne peut accueillir le Père sans le Fils. L’homme doit se conformer en tout au Christ et se souvenir que nul ne peut avoir deux maîtres. En affirmant que la porte est étroite, Jésus nous montre que nous devons nous dégrossir. Le péché nous rend obèses. Pour entrer par la porte qui est le Christ et répondre ainsi positivement au projet de Dieu sur nous, nous devons nous engager à la suite de notre maître à travers la voie de l’humilité, de l’amour, de la vérité, en un mot de la Croix. Et attention aux fausses portes qui sont l’égoïsme, la présomption ou l’autosuffisance. Attention aussi aux portes qui conduisent à des impasses et dont la première est l’orgueil, avec toutes ses filles depuis l’arrogance jusqu’à la paresse, en passant par tous les péchés capitaux.